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“Zhang Yunyao” à la Galerie Marguo, Paris, du 19 octobre au 19 décembre 2020

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“Zhang Yunyao” 

à la Galerie Marguo, Paris

du 19 octobre au 19 décembre 2020

Galerie Marguo


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© Mike Derez, Vue de l’exposition.

Portrait de Zhang Yunyao. Photo : Thomas Humery.
Portrait de Zhang Yunyao. Photo : Thomas Humery.
Zhang Yunyao, Study in Figures (AVDATIA), 2019. Graphite, acrylic and pastel on felt, 183.5 x 143 cm. © ZHANG Yunyao.
Zhang Yunyao, Study in Figures (AVDATIA), 2019. Graphite, acrylic and pastel on felt, 183.5 x 143 cm. © ZHANG Yunyao.
Zhang Yunyao, Emotion Study (quadriptych), 2020, Graphite on felt, 40 x 30 cm. © ZHANG Yunyao. Photo : Mike Derez.
Zhang Yunyao, Emotion Study (quadriptych), 2020, Graphite on felt, 40 x 30 cm. © ZHANG Yunyao. Photo : Mike Derez.
Zhang Yunyao, Floating II, 2020. Pastel on felt, 217 x 200.5 cm. © ZHANG Yunyao. Photo : Mike Derez.
Zhang Yunyao, Floating II, 2020. Pastel on felt, 217 x 200.5 cm. © ZHANG Yunyao. Photo : Mike Derez.

Texte de Liyu Yeo

Yunyao Zhang (né 1985 à Shanghai) est un représentant de la jeune génération d’artistes chinois connue comme la « post 80 ». Cette génération a grandi pendant le boom économique et la prospérité. Leurs perspectives sont internationales, ils appartiennent à un écosystème global. Ni la politique, ni les sujets sociaux ne font partie de leur centre d’intérêt. Ils sont plus intéressés par une introspection personnelle comme sujet de leur exploration artistique. Zhang habite et travaille à Shanghai où il a appris la peinture à l’huile à l’école des Beaux-arts. Il y a depuis cinq ans, à Shanghai, une véritable renaissance artistique. Zhang a voyagé hors de l’empire du milieu et son travail bénéficie de ses expériences artistiques aussi bien en Chine qu’à l’étranger.

Zhang a été attiré par le sens dramatique aigu et l’intensité du travail exécuté uniquement à la mine de plomb. C’est le médium qu’il emploie pour réaliser ses images soigneusement déconstruites de sculptures gréco-romaines. Il a passé des heures à l’école des beaux arts à dessiner des reproductions en plâtre, d’œuvres classiques, passage obligatoire et rigoureux des écoles d’art en Chine. Zhang a eu une véritable révélation en voyant, à Florence, pour la première fois, la statue de David le chef d’œuvre de Michel-Ange.

La première exposition de Zhang en Europe inaugure la toute nouvelle galerie parisienne : Marguo. Zhang continue son exploration de l’art du dessin inspiré des sculptures anciennes. Dès l’époque de la renaissance, en Italie, les critiques d’art comme Giorgio Vasari (1511-1574) ont affirmé la primauté du dessin, non seulement comme essentiel au procédé créatif mais aussi pour la formation des artistes. En italien, disegno fait référence tout à la fois à la planification intellectuelle de l’œuvre d’art (conception) et à son exécution (dessin).

Méduse est le fil conducteur de l’exposition. Un portrait monumental en gros plan de Méduse inspiré du buste en marbre du Bernin ouvre l’exposition. La Méduse de Zhang est peinte dans une palette de couleurs chaudes à base de fushia et de violet, accueille le visiteur par son regard inquisiteur. Ce n’est pas l’image habituelle de Méduse que Zhang a choisi, mais une réinterprétation. Le personnage légendaire, qui fut puni par la déesse grecque Athéna, pour s’être livrée avec Poséidon à des plaisirs charnels. Zhang la représente avec un regard pensif et mélancolique. L’artiste essaye de faire la lumière sur la destinée cruelle et damnée de Méduse.

L’œuvre “Study in figures” (183 x 143 cm) semble, à première vue, un gigantesque photomontage. Le regardeur est confronté à une superposition monumentale qui rappelle « Persée tenant la tête de Méduse » de Benvenuto Cellini (1554). Zhang déconstruit et reconstruit une statue romaine pour créer une composition faite de couches multidimensionnelles. Le spectateur voit un kaléidoscope d’images intrigantes ayant pour résultat une interaction chorégraphique très construite et d’une fantaisie très personnelle. Son procédé créatif est une étrange combinaison de technologies modernes et de techniques traditionnelles. À l’aide d’un ordinateur Zhang dissèque et accumule diverses images avantageuses d’une sculpture. Quand la composition lui plait, il la projette sur un morceau de feutre placé sur un mur. À partir de cette projection, Zhang recrée à la main patiemment, section par section, l’image agrandie. Cela peut lui prendre jusqu’à quatre semaines. 

Lors de ses visites au Louvre Zhang a choisi quatre statues en bronze dans la collection des sculptures classiques. Il a choisi des gros plans de torses insistant sur leurs qualités de composition. Les torses sans tête deviennent comme une continuation narrative des victimes des monstrueuses Gorgone. Utilisant le fusain et le feutre, la patine des sculptures ajoutant au travail une nouvelle dimension. La dextérité de l’artiste ajoute comme un éclat noir, semblable à du latex, à la sensualité du feutre. Cela produit un mélange étrange d’une beauté classique tout en évoquant la déformation aléatoire du passage du temps.

Depuis le début de 2020, Zhang est en France. Ce qui devait être un court séjour pour visiter des collègues et des collectionneurs est devenu, à cause du COVID, un long séjour de confinement. Zhang s’est immergé dans la vie parisienne où il a fait de nouvelles rencontres dont les propriétaires de la galerie Marguo, Vanessa Guo et Jean-Mathieu Martini. 

Comme l’a dit Alexander Graham Bell : « si une porte se ferme, une autre s’ouvre ». 

Liyu Yeo