đ âLe Corps et lâĂmeâ de Donatello Ă Michel-Ange, au Louvre – Hall NapolĂ©on, Paris, du 22 octobre 2020 au 18 janvier 2021 (prolongĂ©e jusqu’au 21 juin 2021)
âLe Corps et lâĂmeâ de Donatello Ă Michel-Ange, Sculptures italiennes de la Renaissance
au Louvre – Hall NapolĂ©on, Paris
du 22 octobre 2020 au 18 janvier 2021 (prolongĂ©e jusqu’au 21 juin 2021)
PODCAST – Interview de Marc Bormand, conservateur en chef du Patrimoine, dĂ©partement des Sculptures du musĂ©e du Louvre et co-commissaire de lâexposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 20 octobre 2020, durĂ©e 12â37, © FranceFineArt.
© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 20 octobre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaires de lâexposition :
Marc Bormand, conservateur en chef du Patrimoine, département des Sculptures, musée du Louvre.
Beatrice Paolozzi Strozzi, directrice du MusĂ©e du Bargello, Florence (2001â2014).
Francesca Tasso, conservateur en chef des collections artistiques, Castello Sforzesco, Milan.
Tout au long dâun parcours riche de 140 Ćuvres, cette exposition, co-organisĂ©e avec le musĂ©e du Castello Sforzesco de Milan, prĂ©sente dans son contexte artistique la sculpture de la seconde moitiĂ© du 15e siĂšcle et du dĂ©but du 16e siĂšcle, pĂ©riode considĂ©rĂ©e comme lâapogĂ©e de la Renaissance. Ă partir de Florence, une variĂ©tĂ© de styles sâĂ©panouit alors de Venise jusquâĂ Rome. La reprĂ©sentation de la figure humaine dans la diversitĂ© de ses mouvements prend alors des formes extrĂȘmement novatrices. Ces recherches sur lâexpression et les sentiments sont au cĆur des dĂ©marches des plus grands sculpteurs de la pĂ©riode, depuis Donatello jusquâĂ lâun des crĂ©ateurs les plus cĂ©lĂšbres de lâhistoire, Michel-Ange. Lâexposition propose Ă©galement dâaller Ă la dĂ©couverte dâartistes moins rĂ©putĂ©s, dâadmirer des Ćuvres difficilement accessibles de par leur lieu de conservation (Ă©glises, petites communes, situation dâexposition dans les musĂ©es), afin de les remettre en lumiĂšre, mais aussi en contexte.
« Le Corps et lâĂme » fait suite Ă lâexposition « Le Printemps de la Renaissance » prĂ©sentĂ©e en 2013 au Louvre et au Palazzo Strozzi et consacrĂ©e aux prĂ©mices de lâart de la Renaissance Ă Florence dans la premiĂšre moitiĂ© du Quattrocento.
Trois parties majeures structurent lâexposition :
Dans La fureur et la grĂące, les compositions complexes sâattachent Ă traduire la force et lâexaspĂ©ration des mouvements du corps, inspirĂ©es des modĂšles antiques, quâon reconnait dans les Ćuvres dâAntonio del Pollaiolo, Francesco di Giorgio Martini ou Bertoldo, mettant en jeu autant la force et les torsions du corps masculin que lâeffet expressif des plus intenses passions de lâĂąme. A contrario, des drapĂ©s Ă©lĂ©gants, entourant des corps majoritairement fĂ©minins, permettent aux artistes de rĂ©vĂ©ler le charme de la figure humaine, qui dĂ©bouche sur la reprĂ©sentation ultime de la grĂące Ă travers le nu.
Emouvoir et convaincre souligne une volontĂ© affirmĂ©e de toucher violemment, dans les reprĂ©sentations sacrĂ©es, lâĂąme du spectateur. Ă la suite du travail de Donatello autour de 1450, lâĂ©motion et les mouvements de lâĂąme prennent une place dĂ©terminante au cĆur des pratiques artistiques. Un vĂ©ritable thĂ©Ăątre des sentiments se dĂ©ploie en Italie du nord entre 1450 et 1520, en particulier dans les groupes de DĂ©position du Christ, tels ceux de Guido Mazzoni ou de Giovanni Angelo del Maino. Cette recherche du pathos religieux sâincarne Ă©galement dans les Ă©mouvantes figures de Marie-Madeleine ou de Saint JĂ©rĂŽme qui fleurissent en Italie Ă cette pĂ©riode.
Enfin, avec De Dionysos Ă Apollon, la rĂ©flexion inĂ©puisable sur lâAntiquitĂ© classique sâexprime dans les Ćuvres Ă©laborĂ©es Ă partir des modĂšles classiques comme le Tireur dâĂ©pine ou le Laocoon. ParallĂšlement au domaine de la peinture (avec le « style doux » du PĂ©rugin ou du jeune RaphaĂ«l), la sculpture dĂ©veloppe la recherche dâune nouvelle harmonie qui transcende le naturalisme des gestes et des sentiments extrĂȘmes. ParticuliĂšrement vivante dans un classicisme affirmĂ© en VĂ©nĂ©tie et en Lombardie, cette quĂȘte dâune beautĂ© expressive qui aspire Ă lâuniversel sâincarne Ă©galement fortement en Toscane et Ă Rome oĂč la PapautĂ© de Jules II et de LĂ©on X joue un rĂŽle dâirrigation et dâunification stylistique.
Le stile dolce aboutira au commencement du XVIe siĂšcle avec lâapparition du « sublime », mettant en place un nouveau classicisme sous lâimpulsion de RaphaĂ«l et Michel-Ange.
DĂšs la fin du Quattrocento, Michel-Ange opĂšre cette synthĂšse formelle qui intĂšgre Ă la fois la connaissance scientifique des corps, un idĂ©al absolu de beautĂ© et la volontĂ© de dĂ©passer la nature par lâart. Cette recherche lâemmĂšne Ă crĂ©er Les Esclaves du Louvre pour parvenir jusquâĂ lâexpression de lâineffable dans ses derniĂšres Ćuvres.
Repoussant alors la notion de Renaissance au-delĂ du territoire de la Toscane, lâexposition replace cette pĂ©riode dans un contexte dĂ©sormais plus large et complexe quâil ne lâĂ©tait au dĂ©but du Quattrocento.
Elle met lâaccent autant sur la production de Florence avec des figures majeures comme Donatello et Michel-Ange que sur les autres foyers rĂ©gionaux qui ont adoptĂ© mais aussi rĂ©adaptĂ© ce langage artistique nouveau. Un phĂ©nomĂšne visible notamment dans la reprise des modĂšles ou des thĂšmes qui, refondus dans une lecture locale, deviennent Ă leur tour source dâun nouveau langage, propre et distinct, et ce particuliĂšrement dans les rĂ©gions du Nord de lâItalie, comme Ă Milan (avec Solari et BambaĂŻa), Venise (avec Tullio Lombardo), Bologne (avec Guido Mazzoni), mais aussi Sienne (avec Francesco di Giorgio Martini) et Padoue (avec Riccio).
Lâexposition propose aussi dâaller Ă la dĂ©couverte dâartistes moins rĂ©putĂ©s, dâadmirer des Ćuvres difficilement accessibles de par leur lieu de conservation (Ă©glises, petites communes, situation dâexposition dans les musĂ©es), afin de les remettre en lumiĂšre, mais aussi en contexte.