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🔊 “Modigliani / Zadkine” Une amitié interrompue, au musée Zadkine, du 14 novembre 2024 au 30 mars 2025

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“Modigliani / Zadkine” Une amitié interrompue

au musée Zadkine, Paris

du 14 novembre 2024 au 30 mars 2025

Musée Zadkine


Entretien avec Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Zadkine, et co-commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 décembre 2024, durée 14’47, © FranceFineArt.

PODCAST –  Entretien avec CĂ©cilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musĂ©e Zadkine, et co-commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 décembre 2024, durée 14’48,
© FranceFineArt.


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Modigliani / Zadkine
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©Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec CĂ©cilie Champy-Vinas, le 2 dĂ©cembre 2024.

Extrait du communiqué de presse :

Amedeo Modigliani (1884-1920), Tête de femme, vers 1920. Huile sur bois. Paris, musée d’Art moderne.

Amedeo Modigliani (1884-1920), Tête de femme, vers 1920. Huile sur bois. Paris, musée d’Art moderne.

Amedeo Modigliani, Femme au ruban de velours, vers 1915. Huile sur papier collé sur carton, 54 x 45,5 cm. Achat à Mme Jean Walter avec le concours de la Société des Amis du Louvre, 1959. Paris, musée de l’Orangerie.Photo © GrandPalaisRmn (musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski.

Amedeo Modigliani, Femme au ruban de velours, vers 1915. Huile sur papier collĂ© sur carton, 54 x 45,5 cm. Achat Ă  Mme Jean Walter avec le concours de la SociĂ©tĂ© des Amis du Louvre, 1959. Paris, musĂ©e de l’Orangerie.Photo © GrandPalaisRmn (musĂ©e de l’Orangerie) / HervĂ© Lewandowski.

Amedeo Modigliani, La Bourguignonne, 1918, huile sur toile. Collection particulière.

Amedeo Modigliani, La Bourguignonne, 1918, huile sur toile. Collection particulière.

Commissariat :

Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Zadkine

Thierry Dufrêne, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris Nanterre

Avec la collaboration d’Anne-Cécile Moheng, attachée de conservation au musée Zadkine



 

Après l’exposition dédiée à Chana Orloff, le musée Zadkine continue d’explorer les liens artistiques tissés par Zadkine au cours de sa vie. Cette exposition est la première à s’intéresser à une amitié artistique jamais explorée jusqu’alors, celle qui unit le sculpteur Ossip Zadkine au peintre Amedeo Modigliani.

Ă€ travers près de 90 oeuvres, peintures, dessins, sculptures mais Ă©galement documents et photographies d’époque, elle propose de suivre les parcours croisĂ©s de Modigliani et Zadkine, dans le contexte mouvementĂ© et fĂ©cond du Montparnasse des annĂ©es 1910 Ă  1920. BĂ©nĂ©ficiant de prĂŞts exceptionnels de grandes institutions – le Centre Pompidou, le musĂ©e de l’Orangerie, les musĂ©es de Milan, Rouen et Dijon – ainsi que de prĂŞteurs privĂ©s, le parcours fait se confronter, comme au temps de leurs dĂ©buts artistiques, deux artistes majeurs des avant-gardes, et permet de renouer les fils d’une amitiĂ© interrompue.

Ossip Zadkine rencontre Amedeo Modigliani en 1913 : les deux artistes, fraîchement débarqués à Paris, rêvent chacun de devenir sculpteurs et partagent alors le « temps des vaches maigres » comme l’écrira Zadkine dans ses souvenirs. Cette amitié, aussi brève que féconde sur le plan artistique, est interrompue par la Première Guerre mondiale. Modigliani abandonne la sculpture pour la peinture, sur le conseil de marchands. Zadkine s’engage comme brancardier en 1915, avant d’être gazé et d’entamer une longue convalescence. Les deux artistes se retrouvent brièvement au sortir de la guerre, avant que leurs voies ne divergent à nouveau. Modigliani connaît un succès croissant avec ses peintures, mais il meurt prématurément à 35 ans, en 1920, tandis que Zadkine entame une longue et fructueuse carrière de sculpteur. Zadkine n’oubliera pas Modigliani et conservera précieusement le portrait fait par son ancien camarade, dont la gloire posthume ne fait que croître, à tel point que « Modi » devient l’une des figures mythiques de l’art moderne.

L’exposition fait dialoguer, pour la première fois, les oeuvres de Modigliani et de Zadkine, mettant en évidence leur parenté d’inspiration mais également leurs divergences. Le parcours retrace, en cinq sections, les étapes d’une amitié d’exception, depuis les débuts parisiens des deux artistes jusqu’à la mort de Modigliani en janvier 1920. Il met en avant les cercles de sociabilité communs des deux artistes à Montparnasse, ainsi que le rôle pris par Zadkine dans l’édification posthume du mythe Modigliani. La dernière section interroge le rapport des deux artistes à l’architecture et offre une évocation spectaculaire du projet de temple à l’Humanité, rêvé par Modigliani.

Ossip Zadkine (1888-1967), Nu assis, 1914. Plume, encre brune sur papier. Collection particulière.

Ossip Zadkine (1888-1967), Nu assis, 1914. Plume, encre brune sur papier. Collection particulière.

Ossip Zadkine, Musicienne, 1919. Pierre d’Euville, Paris, musée Zadkine.

Ossip Zadkine, Musicienne, 1919. Pierre d’Euville, Paris, musée Zadkine.

Ossip Zadkine (1888-1967), Tête d’homme, 1918. Pierre. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine Prax, 1981.

Ossip Zadkine, Tête d’homme, 1918. Pierre. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine Prax, 1981.

Amedeo Modigliani (1884-1920), Portrait de Zadkine, vers 1913. Graphite sur papier. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine Prax, 1981.

Amedeo Modigliani (1884-1920), Portrait de Zadkine, vers 1913. Graphite sur papier. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine Prax, 1981.

Ossip Zadkine, Cariatide, 1919, bois de poirier. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris 2024. Photo Eric Emo/musée Zadkine/Paris Musées.

Ossip Zadkine, Cariatide, 1919, bois de poirier. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris 2024. Photo Eric Emo/musée Zadkine/Paris Musées.


Parcours de l’exposition  #expoModigliani

Première partie – Les dĂ©buts Ă  Paris

Pratiquement contemporains, Modigliani, né en 1884 à Livourne, et Zadkine, né en 1888 à Vitebsk, sont arrivés à Paris l’un après l’autre, Modigliani début 1906 et Zadkine fin 1910. Avant 1910, le Livournais peignait à la manière d’Henri de Toulouse-Lautrec. En 1909-1910, il se mit à sculpter en taille directe des têtes archaïsantes qu’il exposa au Salon d’automne de 1912. Ce sont des têtes très stylisées, allongées ou ovoïdes dans l’esprit de Brancusi qu’il avait rencontré en 1909. Il emprunte à l’art africain, à l’Égypte et à la sculpture khmère. Zadkine se fait connaître par des sculptures qu’il qualifie lui-même de « primitives » lors de ses premières participations aux salons. Dans l’esprit de Zadkine, « archaïsme » veut dire un retour aux formes et à l’esprit des arts égyptien ou grec qu’il a découverts au cours de sa période anglaise au British Museum, mais aussi de l’art asiatique, de la sculpture romane et des sculpteurs africains et océaniens. Il est marqué par le style de Modigliani dont il fait la connaissance en 1913 et réalise des têtes et des figures humaines caractérisées par l’idéalisation et la frontalité des formes. Une expressivité singulière et son sens des matériaux distinguent cependant le sculpteur d’origine russe. Peu avant la Première Guerre mondiale, les deux artistes évoluent vers le cubisme sous l’influence de rencontres, notamment celle avec Picasso qui habitait alors rue Schoelcher à Montparnasse. Mais leur personnalité artistique déjà bien affirmée reste irréductible à ce que Zadkine appelle le « monachisme cubiste ».


Deuxième partie – L’amitiĂ© interrompue

En 1914, la Première Guerre mondiale met fi n à la période de fraternité artistique et d’insouciance que Zadkine et Modigliani ont partagée. Quoique étrangers tous les deux, ils tentent de s’engager dans l’armée française, mais seul Zadkine y parvient, son ami étant réformé à cause de sa santé fragile. Envoyé en Champagne, Zadkine est victime d’une attaque au gaz et réformé en 1917. De retour à Paris, il retrouve Modigliani, mais ce dernier a renoncé à la sculpture. Rattrapé par la « dame spéculation », selon les mots de Zadkine, il est en passe de devenir un peintre célèbre, soutenu par les marchands Paul Guillaume puis Léopold Zborowski qui l’encouragent à peindre des portraits et des nus. En 1918, les deux artistes quittent Paris : Modigliani part dans le sud de la France avec sa compagne Jeanne Hébuterne ; Zadkine se réfugie dans le Quercy. Ce n’est qu’au printemps 1919 qu’ils se recroisent à Paris, mais leur complicité d’autrefois n’est plus. Lorsque Modigliani meurt, le 24 janvier 1920, Zadkine ne participe pas aux funérailles, organisées par une poignée d’amis. Il vient alors de rencontrer Valentine Prax, sa future femme, et sa carrière prend enfin son envol : il suit sa voie sans renoncer à l’idéal d’une sculpture nouvelle que Modigliani a fini par abandonner. Si certaines de ses sculptures portent encore la marque du cubisme, il s’en éloigne bientôt, empruntant la voie ouverte par Modigliani, dont l’influence se lit en particulier dans ses dessins.


Troisième partie – Ă€ Montparnasse, les affinitĂ©s Ă©lectives

Zadkine comme Modigliani appartiennent au monde des « Montparnos », ces artistes et intellectuels qui firent de Montparnasse leur terre d’élection. Dès les annĂ©es 1910, Montparnasse est en effet près de dĂ©trĂ´ner Montmartre comme centre artistique de la capitale. Modigliani, qui s’installe d’abord Ă  Montmartre, dĂ©couvre Montparnasse en 1909 lorsqu’il travaille Ă  la CitĂ© Falguière, près de Brancusi. De son cĂ´tĂ©, Zadkine s’installe Ă  Montparnasse dès son arrivĂ©e Ă  Paris et reste sa vie durant fidèle au quartier. Ă€ l’époque de son amitiĂ© avec Modigliani, le sculpteur vit rue Rousselet dans le VIe arrondissement, mais il frĂ©quente assidĂ»ment le carrefour Vavin et ses cĂ©lèbres cafĂ©s, le DĂ´me et la Rotonde, oĂą il retrouve Modigliani. Les personnalitĂ©s que frĂ©quentèrent en commun Modigliani et Zadkine, tels les poètes et Ă©crivains Max Jacob et AndrĂ© Salmon, mais aussi le peintre ChaĂŻm Soutine et la sculptrice Chana Orloff, sont Ă©voquĂ©s grâce Ă  des photographies et des portraits. Tous exĂ©cutĂ©s par Modigliani – qui avait pour habitude de dessiner ses amis Ă  la terrasse des cafĂ©s – ils illustrent magnifiquement l’effervescence artistique qui rĂ©gnait alors.


Quatrième partie – Le mythe Modigliani

Après la mort prématurée de Modigliani en 1920, se constitue rapidement une légende autour du peintre, alimentée par sa réputation sulfureuse. Le succès posthume du « prince de Montparnasse » ne fait que croître, soutenu par l’engouement du marché de l’art pour ses peintures. Revers de la célébrité, les oeuvres de Modigliani, extrêmement recherchées, suscitent également une production de faux dont certains sont difficiles à démasquer. Les anciens compagnons de bohème du peintre, dont fait partie Zadkine, assistent à la « revanche du mort » pour reprendre les mots du journaliste Francis Carco en 1920. Le peintre qu’ils ont connu pauvre et méconnu devient après son décès l’un des artistes mythiques de l’art moderne. Dans ce contexte, Zadkine est amené à plusieurs reprises à évoquer Modigliani et ce dès les années 1930. Le sculpteur a manifestement gardé toute sa vie un intérêt particulier pour son ancien camarade qu’il décrit dans ses Mémoires comme un « authentique bourgeon montparnassien qui n’a pas duré longtemps ». Au côté de photographies et d’archives, pour certaines inédites, sont rassemblés ici des oeuvres évoquant le mythe Modigliani. Des extraits d’archives fi lmées permettent d’entendre les voix de Zadkine et Cendrars évoquant le Modigliani qu’ils ont connu dans leur jeunesse.


Cinquième partie – Un temple pour l’humanitĂ©

La relation de la sculpture à l’architecture passionne Modigliani et Zadkine. Au Salon d’automne de 1912, Amedeo Modigliani présente un « ensemble décoratif » de sept têtes sculptées qu’il dispose lui-même dans l’espace. Dans son esprit, il s’agit des prémisses du projet de « temple en l’honneur de l’Humanité » dont il a parlé à son marchand Paul Guillaume. En 1912, le sculpteur britannique Jacob Epstein, qui travaille au monument d’Oscar Wilde au cimetière du Père-Lachaise, rapporte avoir vu son ami placer des bougies la nuit sur les têtes sculptées de son atelier de la cité Falguière, rituel qui transformait le tout en une sorte de « temple primitif ». Modigliani rejoint les rêves de sculpteurs-architectes comme Henri Gaudier-Brzeska, Jacob Epstein, Eric Gill, Paul Landowski ou Constantin Brancusi. Il imagine des centaines de cariatides sculptées formant autant de « colonnes de tendresse* » ! Il n’en réalisa que deux. En revanche, il en dessine et en peint d’admirables qui évoquent le Cambodge ou l’Inde des danses rituelles. Quant à Zadkine, s’il taille volontiers des cariatides en bois, voyant plutôt leur groupement comme une forêt, cela ne l’empêche pas, dès avant son voyage en Grèce en 1931, de penser, comme son ami Modi, au rythme et au décor de l’architecture pour mettre en scène ses sculptures. Splendeur classique pour l’un, sens dramatique pour l’autre si l’on considère par exemple sa sculpture L’Esprit de l’Antiquité (1927) qui a servi d’inspiration pour la scénographie de cette salle.

* Comme l’écrivait le marchand Paul Guillaume