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“Les fables de Niki Lindroth von Bahr” à l’Institut suédois, Paris, du 28 octobre 2022 au 12 février 2023

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“Les fables de Niki Lindroth von Bahr”

à l’Institut suédois, Paris

du 28 octobre 2022 au 12 février 2023

Institut suédois


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Les fables de Niki Lindroth von Bahr
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Les fables de Niki Lindroth von Bahr
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© Anne-Frédérique Fer, visite de l’exposition avec Niki Lindroth von Bahr, le 27 octobre 2022.


Niki Lindroth von Bahr, Something to Remember, 2019. Photo Niki Lindroth von Bahr.
Niki Lindroth von Bahr, Something to Remember, 2019. Photo Niki Lindroth von Bahr.

Texte de Sylvain Silleran

Niki Lindroth von Barh, Tord et Tord, 2010. Photo Niki Lindroth von Bahr.
Niki Lindroth von Barh, Tord et Tord, 2010. Photo Niki Lindroth von Bahr.
Niki Lindroth von Bahr, The Burden (Mon fardeau), 2017. Photo Jorun Burman Berg.
Niki Lindroth von Bahr, The Burden (Mon fardeau), 2017. Photo Jorun Burman Berg.
Niki Lindroth von Bahr, Mon fardeau, 2017.
Niki Lindroth von Bahr, Mon fardeau, 2017.
Niki Lindroth von Bahr, Mon fardeau, 2017. Photo Jorun Burman Berg.
Niki Lindroth von Bahr, Mon fardeau, 2017. Photo Jorun Burman Berg.

Les contes cruels de Nikki Lindroth von Bahr ne se terminent pas sur une leçon de morale. Pas besoin, notre monde est assez triste comme cela. Des hommes-animaux se confrontent à leur solitude, à la perte de sens qui les pousse à la fracturation de l’identité. Il dérivent ainsi, le cœur soulevé et nauséeux, jusqu’à une folie qui n’ose dire son nom. Puisant dans les fables d’Esope, de La Fontaine, dans le folklore des frères Grimm, ces histoires remixent l’absurde de Tati avec le désespoir électrique de Joy Division.

Le choix des animaux permet d’adoucir la force cruelle du propos sous leur mignonne fourrure de feutre. Le gouffre de l’angoisse, de la maladie mentale semble moins profond, la chute moins brutale. Car dans ce monde triste, la vie sous la lumière glauque des néons est un piège de dératisateur. L’absurdité du quotidien se fige dans un éternel recommencement, où le seul réconfort vient d’un paquet de junk food omniprésente. Un jour sans fin mais chez Eraserhead. 

Les décors des différentes scènes des films d’animation sont exposés en petites scénettes, des  sculptures de plastique, de tissu, de papier, de tout ce qui tombe sous la main d’une conteuse-couturière. L’extraordinaire souci du détail de Nikki Lindroth von Bahr lui fait remplir des étagères de supermarché d’une abondance de paquets de céréales, de biscottes, de chips et de café, il y a même les étiquettes avec les prix (et cela va jusqu’au prix au kilo). Dans le cabinet du médecin, la poubelle sur laquelle est proprement mis un sac en plastique contient quelques papiers froissés, au sol deux feuilles sont tombées de la plante verte sur le rebord de la fenêtre.

Dans une vitrine, un lapin décapité aux douces oreilles. A côté, la boite où sont rangées toutes ses bouches, toutes les expressions des sonorités qu’il peut prononcer, les a, les o, les k, les v… Un jeu de paupières pour clignement d’yeux, une pile de minuscules boîtes de pizzas surgelées, une robe de chambre de soie pour une souris blanche. Plus que fabriquer un monde miniature, Nikki Lindroth von Bahr recolle les morceaux éparpillés façon puzzle de notre monde malade de son industrieuse inhumanité.

L’humour est noir et les chansons sont tristes. Mais l’univers garde une poésie douce-amère, des nuances de gris mélancolique. Un lapin en doudoune, une ourse dans son maillot de bain tout neuf qui a peur de l’eau, un maitre-nageur fatigué: un après-midi à la piscine tourne mal, mais vraiment mal. Tout finit toujours par tourner au vinaigre dans ce petit pays de carton trop policé. Les opérateurs d’une centrale nucléaire, larves et cafards géants en pull over, font une fête trop arrosée,  ça dégénère dans un clignotement rouge et ça tache la moquette. Un ministre et son assistant, un escargot élégamment cravaté font une conférence de presse. Toute ressemblance avec des personnages existants ne serait que fortuite.

« Vous qui entrez, laissez toute espérance » lit Dante au seuil de l’enfer. L’enfer est meublé chez IKEA, il y a même un téléphone qui se charge au bout de son câble. Hôtel, bureau, cafétéria sont un labyrinthe de laboratoire où errent des souris aux yeux rouges. Il reste un peu d’espoir toutefois. Un être solitaire s’invente une correspondance de messages codés avec son voisin, des invitations à partager un café. Les souris chargées de faire le ménage dans un fast-food se rebellent, serpillère en main, l’instant d’un numéro de claquettes. Il n’y a pas besoin de morale à l’histoire pour qu’elle nous accompagne longtemps.

Sylvain Silleran

Niki Lindroth von Bahr, Something to Remember, 2019. Photo Niki Lindroth von Bahr.
Niki Lindroth von Bahr, Something to Remember, 2019. Photo Niki Lindroth von Bahr.

Communiqué de presse :

Commissaire de l’exposition : Gabriel Bauret. 



Dans l’atelier d’une cinéaste, entrez dans l’univers créatif de Niki Lindroth von Bahr, réalisatrice de films d’animation, connue pour ses fables modernes, à la fois poétiques, drôles et engagées.

Niki Lindroth von Bahr livre à travers chacun de ses courts métrages une vision du monde teintée d’humour et de mélancolie. Le stop-motion, technique à laquelle elle a recours depuis ses débuts, met en mouvement et donne vie dans ses films à d’originales figurines incarnées par de petits animaux aux attributs et comportements très humains. Ces personnages évoluent dans des espaces familiers qui fourmillent de détails : supermarché, hôtel, fast-food, station-service, centrale nucléaire, piscine… Comme nous, ils s’inquiètent, souffrent, attendent une vie meilleure ; et leur besoin de liens avec les autres est palpable.

L’œuvre de Niki Lindroth von Bahr est aujourd’hui reconnue sur la scène mondiale. Elle est régulièrement invitée dans des festivals de cinéma tels que la Berlinale ou Sundance et se voit décerner des prix prestigieux comme, pour son film Mon fardeau (The Burden), le Cristal au Festival International du Film d’Animation d’Annecy, le prix du meilleur court métrage d’animation à Clermont-Ferrand ou le Guldbagge Award (l’équivalent des César en Suède). Elle expose aussi dans des centres d’art, notamment Färgfabriken à Stockholm. Ses films sont diffusés aussi bien sur Arte que sur Netflix, qui programme actuellement une comédie noire et excentrique, The House, dont elle a signé l’un des trois chapitres.

L’exposition à l’Institut suédois présente une rétrospective de son œuvre et en dévoile le processus de création à travers des dessins, story-boards, objets, photographies de certaines scènes de ses films, reportages dans son atelier et vidéos des making of, ainsi que quelques-uns des décors et des personnages qui constituent son univers. Tous ces éléments mettent en lumière la lente et complexe élaboration de chaque œuvre. Des extraits de films permettent également d’appréhender les sources d’inspiration de l’artiste.

L’exposition sera ensuite montrée au printemps 2023, dans le cadre de la manifestation Lumières Nordiques, à la Bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen.

Tout au long de la durée de l’exposition, des événements auront lieu, certains en présence de l’artiste. Plus d’informations à venir.

Exposition présentée dans le cadre de la Fête du cinéma d’animation. En collaboration avec Lumières Nordiques et la bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen, et avec le soutien de Swedish Arts Council (Kulturrådet).