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🔊 “Carmontelle” ou le temps de la douceur de vivre, au Domaine de Chantilly, du 5 septembre 2020 au 3 janvier 2021 (prolongée jusqu’à mi-juillet 2021)

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“Carmontelle” ou le temps de la douceur de vivre

au Cabinet d’Arts Graphiques Domaine de Chantilly

du 5 septembre 2020 au 3 janvier 2021 (prolongée jusqu’à mi-juillet 2021)

Domaine de Chantilly

PODCAST -  Interview de Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine au musée Condé et commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Chantilly, le 4 septembre 2020, durée 10’53. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Nicole Garnier-Pelle, conservateur gĂ©nĂ©ral du Patrimoine chargĂ©e du musĂ©e CondĂ© et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Chantilly, le 4 septembre 2020, durée 7’53, © FranceFineArt.


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Carmontelle; ou le temps de la douceur de vivre
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© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, voyage presse et prĂ©sentation de l’exposition, le 4 septembre 2020.

Autoportrait de Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717 ; Paris 1806). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 24,8 cm ; L. 19 cm. Inscriptions (b., encre) : Mr. de Carmontelle, Lecteur du duc d’orléans
Peut-être exécuté à Saint-Cloud, cet autoportrait montre Carmontelle assis devant une table à, jeux, dessinant sur un registre relié au moyen d’un porte-crayon à deux têtes, sanguine d’un côté pour les visages et les mains, pierre noire pour les costumes et les décors qui sont ensuite coloriés à la gouache et à l’aquarelle, comme le montre la palette et le verre d’eau. Le baron de Frénilly le décrit comme « un homme sec, à la figure longue et sévère, au rire sardonique, impérieux, colère, et cachant sous cette âpreté de formes un coeur très bon et une âme singulièrement élevée. »
Autoportrait de Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717 ; Paris 1806). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 24,8 cm ; L. 19 cm. Inscriptions (b., encre) : Mr. de Carmontelle, Lecteur du duc d’orléans
Peut-être exécuté à Saint-Cloud, cet autoportrait montre Carmontelle assis devant une table à, jeux, dessinant sur un registre relié au moyen d’un porte-crayon à deux têtes, sanguine d’un côté pour les visages et les mains, pierre noire pour les costumes et les décors qui sont ensuite coloriés à la gouache et à l’aquarelle, comme le montre la palette et le verre d’eau. Le baron de Frénilly le décrit comme « un homme sec, à la figure longue et sévère, au rire sardonique, impérieux, colère, et cachant sous cette âpreté de formes un coeur très bon et une âme singulièrement élevée. »
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Louise-Marie-Thérèse Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon (Saint-Cloud, 1750-Paris, 1822). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 30,5 cm ; L. 17,9 cm. Inscription : Mademoiselle, fille unique du duc d'Orléans, mariée au duc de Bourbon. (b.d. encre)
Soeur du futur Philippe Egalité, la ravissante Bathilde épouse en 1769 le duc de Bourbon (1756-1830), fils aîné du prince de Condé. Mariage d’amour à l’origine, car le jeune prince, alors âgé de treize ans, éprouve une violente passion pour la jeune fille qu’il ne tarde pas à enlever de son couvent pour consommer le mariage (à cette occasion, l’architecte Jean-François Leroy construisit en quelques mois le Bâtiment Neuf, aujourd’hui appelé château d’Enghien du nom de leur fils unique (1772-1804). Mais l’union ne fut pas heureuse et les jeunes époux ne tardèrent pas à se séparer.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Louise-Marie-ThĂ©rèse Bathilde d’OrlĂ©ans, duchesse de Bourbon (Saint-Cloud, 1750-Paris, 1822). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 30,5 cm ; L. 17,9 cm. Inscription : Mademoiselle, fille unique du duc d’OrlĂ©ans, mariĂ©e au duc de Bourbon. (b.d. encre)
Soeur du futur Philippe Egalité, la ravissante Bathilde épouse en 1769 le duc de Bourbon (1756-1830), fils aîné du prince de Condé. Mariage d’amour à l’origine, car le jeune prince, alors âgé de treize ans, éprouve une violente passion pour la jeune fille qu’il ne tarde pas à enlever de son couvent pour consommer le mariage (à cette occasion, l’architecte Jean-François Leroy construisit en quelques mois le Bâtiment Neuf, aujourd’hui appelé château d’Enghien du nom de leur fils unique (1772-1804). Mais l’union ne fut pas heureuse et les jeunes époux ne tardèrent pas à se séparer.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La comtesse de Blot, soeur du comte d'Ennery, et la marquise de Barbantane. Mine de plomb, aquarelle, gouache, sanguine ; H. 32 cm ; L. 23,6 cm. Inscription au verso : Mme La Comtesse de Blotz, Soeur du Comte d'ennery. Mme La Comtesse de Barbantane. (b., encre)
Pauline Charpentier d’Ennery, comtesse de Blot, née en 1734, est ici avec son amie Charlotte de Mesnildot de Vierville qui épousa en 1753 le marquis de Barbentane, chambellan du duc d’Orléans. Selon la baronne d’Oberkirch, « Mme de Blot avait la prétention de ne vivre que d’ambroisie. Comme on l’avait surprise dévorant des côtelettes dans son arrière-cabinet, elle ne s’en consolait pas. »
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La comtesse de Blot, soeur du comte d’Ennery, et la marquise de Barbantane. Mine de plomb, aquarelle, gouache, sanguine ; H. 32 cm ; L. 23,6 cm. Inscription au verso : Mme La Comtesse de Blotz, Soeur du Comte d’ennery. Mme La Comtesse de Barbantane. (b., encre)
Pauline Charpentier d’Ennery, comtesse de Blot, née en 1734, est ici avec son amie Charlotte de Mesnildot de Vierville qui épousa en 1753 le marquis de Barbentane, chambellan du duc d’Orléans. Selon la baronne d’Oberkirch, « Mme de Blot avait la prétention de ne vivre que d’ambroisie. Comme on l’avait surprise dévorant des côtelettes dans son arrière-cabinet, elle ne s’en consolait pas. »
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La musique du prince de Conti jouant un quatuor. Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 34,6 cm ; L. 23,3 cm. Inscriptions au verso : Mrs. duport, Vachon, Rodolphe, provers, Vernier (b., encre)
Les musiciens du prince de Conti, « célèbres en leur temps » selon Lédans, jouent un quatuor dans un parc. Debout en gris, le violoniste Pierre Vachon (Arles, 1731-Berlin, 1802) vint à Paris en 1751 et entra en 1761 au service du prince de Conti en qualité de premier violon, composant de la musique de chambre et écrivant pour le théâtre. Le violoncelliste assis, Jean-Pierre Duport l’Aîné (Paris, 1741-Berlin, 1818), faisait, comme Vachon et Rodolphe, partie de la musique du prince de Conti ; il passa en 1773 au service du roi de Prusse Frédéric II et mourut à Berlin en 1818. Le sonneur de cor Rodolphe (Strasbourg, 1730-Paris, 1812) jouait depuis l'âge de sept ans ; après avoir joué au service du duc de Wurtemberg en 1764, il se mit en 1765 au service du prince de Conti : « M. Rodolphe, de la musique du prince de Conti, exécuta avec une rare perfection un concerto de cor de sa composition » (Mercure). Vernier joue la partie de hautbois et Provers, debout derrière Duport, surveille, la partition à la main, l'exécution de l'ensemble. Le dessin date environ de 1765-1770.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La musique du prince de Conti jouant un quatuor. Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 34,6 cm ; L. 23,3 cm. Inscriptions au verso : Mrs. duport, Vachon, Rodolphe, provers, Vernier (b., encre)
Les musiciens du prince de Conti, « cĂ©lèbres en leur temps » selon LĂ©dans, jouent un quatuor dans un parc. Debout en gris, le violoniste Pierre Vachon (Arles, 1731-Berlin, 1802) vint Ă  Paris en 1751 et entra en 1761 au service du prince de Conti en qualitĂ© de premier violon, composant de la musique de chambre et Ă©crivant pour le théâtre. Le violoncelliste assis, Jean-Pierre Duport l’AĂ®nĂ© (Paris, 1741-Berlin, 1818), faisait, comme Vachon et Rodolphe, partie de la musique du prince de Conti ; il passa en 1773 au service du roi de Prusse FrĂ©dĂ©ric II et mourut Ă  Berlin en 1818. Le sonneur de cor Rodolphe (Strasbourg, 1730-Paris, 1812) jouait depuis l’âge de sept ans ; après avoir jouĂ© au service du duc de Wurtemberg en 1764, il se mit en 1765 au service du prince de Conti : « M. Rodolphe, de la musique du prince de Conti, exĂ©cuta avec une rare perfection un concerto de cor de sa composition » (Mercure). Vernier joue la partie de hautbois et Provers, debout derrière Duport, surveille, la partition Ă  la main, l’exĂ©cution de l’ensemble. Le dessin date environ de 1765-1770.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La petite bergère. Mine de plomb, sanguine, aquarelle, gouache ; H. 21,3 cm ; L. 18, 2 cm. Inscription au recto : Mlle d'épinay. (en haut) ; La Petite Bergère (b., encre) ; au verso : Mlle d'Epinay / depuis Mme de Belzunce.
Née vers 1748, et âgée ici d’une douzaine d’années, Mlle d’Epinay, costumée en bergère, est assise et au bord d’un ruisseau, elle a cueilli des fleurs qu’elle a mis dans son tablier. On est ici dans le mythe du retour à la nature et à ses joies simples.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La petite bergère. Mine de plomb, sanguine, aquarelle, gouache ; H. 21,3 cm ; L. 18, 2 cm. Inscription au recto : Mlle d’Ă©pinay. (en haut) ; La Petite Bergère (b., encre) ; au verso : Mlle d’Epinay / depuis Mme de Belzunce.
Née vers 1748, et âgée ici d’une douzaine d’années, Mlle d’Epinay, costumée en bergère, est assise et au bord d’un ruisseau, elle a cueilli des fleurs qu’elle a mis dans son tablier. On est ici dans le mythe du retour à la nature et à ses joies simples.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Mme la marquise de Rumain et ses filles, la comtesse de Polignac et Mlle de Rumain. Mine de plomb, sanguine, aquarelle, gouache ; H. 32,9 cm ; L. 20,8 cm. Inscription : Mme La Marquise de Rumain, La comtesse de polignac sa fille aînée, et Mlle de Rumain sa Seconde fille (b., encre) ; 1768. (b.d.)
Dans cette scène familiale, la comtesse surveille l’exécution au clavecin d’un morceau musical par sa fille cadette, tandis que l’aînée, la comtesse de Polignac, travaille à sa tapisserie fixée à un tambour. La jeune femme, née Constance-Gabrielle-Bonne de Rumain, dame d’honneur de la duchesse de Chartres, avait épousé le 23 avril 1767 le comte Alexandre de Polignac, capitaine de cavalerie, qui mourut le 14 juillet 1768. Le dessin est sans doute légèrement antérieur. Sa soeur cadette fut promise à Castera, mais les fiançailles furent rompues, et elle épousa en 1771 le marquis d’Usson-Bonac, colonel aux Grenadiers de France.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Mme la marquise de Rumain et ses filles, la comtesse de Polignac et Mlle de Rumain. Mine de plomb, sanguine, aquarelle, gouache ; H. 32,9 cm ; L. 20,8 cm. Inscription : Mme La Marquise de Rumain, La comtesse de polignac sa fille aînée, et Mlle de Rumain sa Seconde fille (b., encre) ; 1768. (b.d.)
Dans cette scène familiale, la comtesse surveille l’exécution au clavecin d’un morceau musical par sa fille cadette, tandis que l’aînée, la comtesse de Polignac, travaille à sa tapisserie fixée à un tambour. La jeune femme, née Constance-Gabrielle-Bonne de Rumain, dame d’honneur de la duchesse de Chartres, avait épousé le 23 avril 1767 le comte Alexandre de Polignac, capitaine de cavalerie, qui mourut le 14 juillet 1768. Le dessin est sans doute légèrement antérieur. Sa soeur cadette fut promise à Castera, mais les fiançailles furent rompues, et elle épousa en 1771 le marquis d’Usson-Bonac, colonel aux Grenadiers de France.

Extrait du communiquĂ© de presse :



Commissariat :
Nicole Garnier-Pelle, conservateur général du Patrimoine chargée du musée Condé.



Auteur dramatique, dessinateur, paysagiste, Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-1806) est un brillant amateur dont les multiples talents reflètent le milieu cultivé et cosmopolite dans lequel il évolue. Ordonnateur des fêtes du duc d’Orléans, célèbre pour ses portraits comme pour ses comédies improvisées appelées Proverbes, il dessine le parc Monceau à Paris pour le duc de Chartres et met au point les transparents, rouleaux de papier faisant défiler de riants paysages.

De Mozart à Buffon, de Rameau au baron Grimm, il dresse le portrait fidèle du tout-Paris du milieu du XVIIIe siècle : princes du sang, écrivains, philosophes, musiciens, scientifiques, belles élégantes du « temps de la douceur de vivre », selon le mot de Talleyrand sur l’Ancien Régime. Grâce à Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), descendant des Orléans qui rachète la majeure partie de ce fonds en 1877, le musée Condé à Chantilly conserve la plus belle collection au monde de Carmontelle avec 484 portraits dessinés et un transparent.



DĂ©buts

Fils d’un maĂ®tre cordonnier parisien, Louis Carrogis, après des Ă©tudes de gĂ©omĂ©trie, est « ingĂ©nieur » en 1744. Pour faire oublier sa modeste extraction, il prend le nom de Carmontelle. Durant la guerre de Sept Ans (1756-1763), il participe aux campagnes comme topographe, croquant les soldats de son rĂ©giment et faisant jouer des comĂ©dies improvisĂ©es. Ses premiers dessins sont alors exĂ©cutĂ©s Ă  la pierre noire et Ă  la sanguine, Ă  la diffĂ©rence des Ĺ“uvres postĂ©rieures.



Au service des Orléans. « Des portraits mauvais, mais ressemblants » (Grimm)

En 1759, son ami le chevalier de Pons propose au duc Louis- Philippe d’Orléans (1725-1785) de nommer Carmontelle lecteur de son fils Louis-Philippe-Joseph, duc de Chartres (1747-1793), futur duc d’Orléans et futur Philippe Egalité. Il réalise alors les portraits à la gouache et à l’aquarelle de toute la cour des Orléans du Palais-Royal, à Saint- Cloud et Villers-Cotterêts de 1755 à 1784, sous Louis XV et Louis XVI. «Cette place, quoique honorable, dit Mme de Genlis, était en quelque sorte subalterne, puisqu’elle ne donnait pas le droit de manger avec les princes, même à la campagne ». Dessinateur amateur, Carmontelle privilégie par facilité les portraits de profil, selon la mode lancée par Etienne de Silhouette (1709-1769), dissimulant ainsi son manque de technique. Il parsème ses portraits d’objets symboliques : scientifiques au travail, musiciens jouant de leur instrument, cantatrices sur scène, veneurs à cheval, collectionneurs avec leurs objets favoris, et s’attache aux costumes, étonnamment diversifiés. Les fonds sont, tantôt des appartements luxueux, tantôt des jardins animés de fontaines

Selon le baron Grimm, secrĂ©taire du duc d’OrlĂ©ans (1763): « M. de Carmontelle se fait depuis plusieurs annĂ©es un recueil de portraits dessinĂ©s au crayon et lavĂ©s en couleurs de dĂ©trempe. Il a le talent de saisir singulièrement l’air, le maintien, l’esprit de la figure plus que la ressemblance des traits. Il m’arrive tous les jours de reconnaĂ®tre dans le monde des gens que je n’ai jamais vus que dans ses recueils. Ces portraits de figures, toutes en pied, se font en deux heures de temps avec une facilitĂ© surprenante. Il est ainsi parvenu Ă  avoir le portrait de toutes les femmes de Paris, de leur aveu. Ses recueils, qu’il augmente tous les jours, donnent aussi une idĂ©e de la variĂ©tĂ© des conditions ; des hommes et des femmes de tout Ă©tat, de tout âge, s’y trouvent pĂŞle-mĂŞle, depuis M. le Dauphin jusqu’au frotteur de Saint-Cloud ».



Les Proverbes « L’ami Carmontelle fournit des pièces comme des petits pâtés » (Grimm)

Pour distraire la famille d’Orléans, de Condé ou les amis de Mme d’Epinay à Montmorency, Carmontelle écrit des comédies ou proverbes dans la tradition du théâtre amateur, sur le thèmes des relations conjugales et des dettes, et publie ses oeuvres de 1768 à 1781 ; son nom et celui de Diderot sont réunis sur une affiche de théâtre en 1769. Selon Grimm (1771) : « Il est lui-même auteur passable ; il dessine fort bien pour un homme dont ce n’est pas le métier ; il a du goût et c’est un des ordonnateurs de fêtes de société le plus employé à Paris », mais pour Diderot : « M. de Carmontelle n’a jamais pu faire une comédie supportable.»



Carmontelle critique de Salons.

Carmontelle l’amuseur, Carmontelle l’amateur, s’intéresse aux tendances artistiques nouvelles. Dès 1765, dans ses Salons, Diderot rapporte leur discussion sur la peinture religieuse. Sensible à l’art de Greuze, il apprécie David et publie régulièrement mais de façon anonyme des critiques de Salon de 1779 à 1789.



Le créateur de « jardins naturels »

A cinquante ans passés, Carmontelle devient paysagiste. En 1769, le duc de Chartres achète le domaine de Mousseaux au pied de la colline de Montmartre : topographe, amateur de jardins et de fêtes, Carmontelle y crée la « Folie de Chartres » (1770-1774), dont une partie est l’actuel parc Monceau. Il appelle ce parc « un jardin naturel », animé de fabriques, dénigrant les pelouses à l’anglaise et critiquant la simplicité de Jean-Jacques Rousseau. Cela rend Carmontelle célèbre, mais le duc de Chartres fait appel au paysagiste écossais Thomas Blaikie qui modifie le parcours.



Les transparents

Dans les années 1780, pour amuser la cour des Orléans, il met au point un système permettant de dérouler un paysage peint de façon continue sur plusieurs feuilles de papier collées. « Carmontelle, écrit Mme de Genlis, a eu l’idée de faire sur papier transparent une espèce de lanterne magique toute composée de gracieuses scènes d’invention représentant des paysages. » Sa vente après décès en mentionnait onze réalisés de 1783 à 1804. Cinq sont aujourd’hui conservés dans des musées dont deux aux Etats-Unis, au J. Paul Getty Museum à Los Angeles, dans la collection Rachel Lambert Mellon à la Oak Spring Garden Library à Upperville, Virginie, et trois en France, au musée du Louvre, au musée de l’Ile-de-France à Sceaux et au musée Condé (ce dernier mesure 12 mètres).

A la Révolution, Carmontelle voit disparaître le duc d’Orléans, guillotiné en 1793. Il n’émigre pas et meurt à 89 ans en 1806 à Paris. Son acte de décès le désigne comme « rentier et homme de lettres » : délicieux dessins et prodigieux transparents n’étaient donc qu’amusement d’amateur.


Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Didier-François d’Arclais de Montamy (Montamy, près de Vire, 1702 ; Paris, 1765) et M.d'Alainville, chimistes, dans leur laboratoire. Mine de plomb, sanguine, aquarelle, gouache ; H. 30,8 cm ; L. 21 cm. Inscriptions : M.M. d'Alinville et de Montamy. (b., encre)
Premier maître d'hôtel du duc d'Orléans, Montamy cultiva les arts et les sciences, traduisit de l'allemand la Lithogéognosie ou Examen des pierres précieuses, de J.-M. Pott (2 vol.,1753), et donna un Traité des différentes manières de peindre (1757, in-8
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Didier-François d’Arclais de Montamy (Montamy, près de Vire, 1702 ; Paris, 1765) et M.d’Alainville, chimistes, dans leur laboratoire. Mine de plomb, sanguine, aquarelle, gouache ; H. 30,8 cm ; L. 21 cm. Inscriptions : M.M. d’Alinville et de Montamy. (b., encre)
Premier maĂ®tre d’hĂ´tel du duc d’OrlĂ©ans, Montamy cultiva les arts et les sciences, traduisit de l’allemand la LithogĂ©ognosie ou Examen des pierres prĂ©cieuses, de J.-M. Pott (2 vol.,1753), et donna un TraitĂ© des diffĂ©rentes manières de peindre (1757, in-8″). Son TraitĂ© des couleurs pour la peinture en Ă©mail et sur la porcelaine, prĂ©cĂ©dĂ© de l’Art de peindre sur porcelaine, fut Ă©ditĂ© après sa mort par Diderot en 1765. Il a rĂ©digĂ© pour l’EncyclopĂ©die de Diderot et d’Alembert la partie sur l’émail de l’article Porcelaine. « M. de Montamy avait de grandes connaissances en chimie et dans les mĂ©caniques », Ă©crit Grimm (…). Il Ă©tait croyant, Ă  la diffĂ©rence de ses amis philosophes : « Embrassez-moi, dit-il la veille de sa mort Ă  son ami Diderot ; nous nous reverrons; si vous vous affligez, c’est que vous n’en croyez rien » (GRIMM, Correspondance littĂ©raire, fĂ©vrier 1765). D’Alainville Ă©tait l’ami intime d’Holbach, de Grimm et de Mme d’Epinay : « J’ai vu avec plaisir le jugement de Voltaire sur mes Dialogues, Ă©crit Galiani Ă  Mme d’Epinay en fĂ©vrier 1771: je voudrais savoir les avis des personnes suivantes, Marmontel, le comte de Creutz, Thomas, le chevalier de Chastellux, le comte d’Albaret, Bernard, M. Turgot, et surtout d’Alainville, que j’estime le plus ; car les autres sont des enfants vis-Ă -vis du grand d’Alain. VoilĂ  un philosophe Ă  mon avis. Je le charge de rĂ©pondre Ă  l’abbĂ© Morellet, dans une partie de pique-nique, au Gros-Caillou, oĂą ils pourront se battre des anguilles Ă  la main » (GALIANI, Correspondance). Les deux savants font chauffer un liquide rouge sur un petit fourneau. Au fond, un laboratoire, avec des verres, un mortier, des alambics, des fioles. Le dessin date environ de 1760.

Histoire des dessins du musée Condé, de Carmontelle au duc d’Aumale.



Sous Louis XVI, le Garde des Estampes du Roi Hugues-Adrien Joly (Paris, 1718-1800) avait songé à acquérir l’ensemble des portraits. En 1776, Diderot avait recommandé à Grimm de les proposer à la cour de Russie ; Catherine II n’acheta pas l’ensemble, mais en fit graver vingt-quatre. L’ensemble des portraits était resté groupé, car Carmontelle ne donnait pas les dessins à ses modèles, mais leur en offrait des copies. En 1807, lors de sa vente après décès, la collection comprenait 750 portraits. Le chevalier Pierre-Joseph Richard de Lédans (1736-1816), officier en retraite ami de Carmontelle, les racheta, puis en vendit quelques uns. A sa mort en 1816, 530 portraits de Carmontelle furent rachetés par Pierre de La Mésangère, directeur du Journal des dames et des modes. En 1831 à sa vente, 440 dessins, soit 520 portraits, furent acquis par un écossais, le major Gordon Duff, et passèrent en Écosse.




Le duc d’Aumale et Carmontelle.

Petit-fils de Philippe Egalité, le duc d’Aumale ne pouvait que s’intéresser à Carmontelle qui avait dressé les portraits de la cour du Palais Royal. Il voulait faire revenir en France ces dessins exilés en Angleterre, car d’un grand intérêt pour l’histoire familiale, pour l’histoire du goût et pour l’histoire de France. Il achète en 1877 pour 4 500 £ (112 500 francs) 440 dessins de Carmontelle (soit 520 personnages) par l’intermédiaire d’Andrew Mac Kay, de la galerie Colnaghi, qui procura ensuite au duc d’Aumale quelques autres dessins. A sa mort en 1897, le duc d’Aumale possédait ainsi 484 dessins, soit 562 portraits. En 1936, Gabriel Dessus donne au musée Condé un transparent long de 12 mètres.


Aucun musée au monde ne dispose d’un fonds aussi important et diversifié que le musée Condé. Carmontelle nous livre un témoignage précieux, presque un instantané, de la société d’Ancien Régime qui allait disparaître avec la Révolution.

Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Wolfgang-Amadeus Mozart (Salzbourg, 1756-Vienne, 1791) enfant jouant avec son père Léopold Mozart (Augsbourg, 1719-Salzbourg, 1787) et sa soeur Maria Anna (dite Nannerl) (Salzbourg, 1751-1829). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 32,8 cm ; L. 20,3 cm Inscriptions sur le montage au recto : 1762 (b.d., sic) ; au verso : Mozart enfant, / son père / sa soeur (écriture moderne) Violoniste du prince-évêque de Salzbourg dès 1743, le père du grand Mozart eut sept enfants dont deux survécurent : Wolfgang-Amadeus, né le 27 janvier 1756, et une fille, Maria Anna (dite Nannerl), née le 29 août 1751. Le jeune Mozart apprit la musique à l’âge de trois ans en écoutant son père l’enseigner à sa grande soeur et composait à quatre ans de petites pièces au clavecin. Lors d’une tournée européenne entre 1762 et 1766, il enthousiasma l’Empereur. La famille Mozart séjourna à Paris de novembre 1763 à avril 1764 ; la date de 1762 notée sur le montage du dessin est donc erronée. Protégés par le baron Grimm, le comte de Tessé et le duc de Chartres, les Mozart jouèrent au Palais-Royal, chez la comtesse de Tessé et à Versailles où l’enfant fut présenté au roi et embrassé par la dauphine. Comme l’écrit Léopold Mozart le 1er avril 1764, « mes petits enfants stupéfient tout le monde, spécialement le petit garçon (…) toutes les dames sont tombées amoureuses de mon fils (…) Si les baisers qu’elles ont donné à mes enfants et surtout au maestro Wolfgang avaient été autant de louis d’or, nous serions tous heureux. (…) M. de Mechel, graveur sur cuivre, travaille en hâte à graver le portrait que M. de Carmontelle, un amateur a très bien peint. Wolfgang joue du clavecin, je suis debout derrière sa chaise, et la Nannerl s’appuie. » Ce dessin a été gravé par Delafosse en 1764.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), Wolfgang-Amadeus Mozart (Salzbourg, 1756-Vienne, 1791) enfant jouant avec son père Léopold Mozart (Augsbourg, 1719-Salzbourg, 1787) et sa soeur Maria Anna (dite Nannerl) (Salzbourg, 1751-1829). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 32,8 cm ; L. 20,3 cm Inscriptions sur le montage au recto : 1762 (b.d., sic) ; au verso : Mozart enfant, / son père / sa soeur (écriture moderne) Violoniste du prince-évêque de Salzbourg dès 1743, le père du grand Mozart eut sept enfants dont deux survécurent : Wolfgang-Amadeus, né le 27 janvier 1756, et une fille, Maria Anna (dite Nannerl), née le 29 août 1751. Le jeune Mozart apprit la musique à l’âge de trois ans en écoutant son père l’enseigner à sa grande soeur et composait à quatre ans de petites pièces au clavecin. Lors d’une tournée européenne entre 1762 et 1766, il enthousiasma l’Empereur. La famille Mozart séjourna à Paris de novembre 1763 à avril 1764 ; la date de 1762 notée sur le montage du dessin est donc erronée. Protégés par le baron Grimm, le comte de Tessé et le duc de Chartres, les Mozart jouèrent au Palais-Royal, chez la comtesse de Tessé et à Versailles où l’enfant fut présenté au roi et embrassé par la dauphine. Comme l’écrit Léopold Mozart le 1er avril 1764, « mes petits enfants stupéfient tout le monde, spécialement le petit garçon (…) toutes les dames sont tombées amoureuses de mon fils (…) Si les baisers qu’elles ont donné à mes enfants et surtout au maestro Wolfgang avaient été autant de louis d’or, nous serions tous heureux. (…) M. de Mechel, graveur sur cuivre, travaille en hâte à graver le portrait que M. de Carmontelle, un amateur a très bien peint. Wolfgang joue du clavecin, je suis debout derrière sa chaise, et la Nannerl s’appuie. » Ce dessin a été gravé par Delafosse en 1764.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La cantatrice Sophie Arnould (1740-1802), dans l'opéra Pyrame et Thisbé. Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 32 cm ; L. 19,8 cm Inscriptions : Mlle Sophie arnould, dans L'opéra de pyrame Et Thisbé / 1760 (b., encre) Hist. : coll. Lédans (1807) ; Pierre de La Mésangère (1816) ; Henri d'Orléans, duc d'Aumale (L. 2778) Bibl. : Gruyer, 1902, n° 420. CAR-420 (T. VI n° 33)
Connue pour la qualité de son jeu et de sa voix, l’actrice et cantatrice débuta à dix-sept ans. Célèbre pour ses bons mots, elle n’était pas très jolie selon Mme Vigée-Lebrun. De sa liaison avec le duc de Lauragais, elle eut quatre enfants. Inspirée des Métamorphoses d’Ovide, la tragédie lyrique de Francoeur et Rebel Pyrame et Thisbé, créée en 1726, décrit les amours contrariées de deux adolescents qui s’aiment depuis l’enfance, mais que leurs familles souhaitaient marier à leur gré. L’opéra fut repris en janvier 1759 avec Sophie Arnould dans le rôle de Thisbé et Mlle Chevalier dans le rôle de Zoraïde, fille du roi Zoroastre. Croyant Thisbé morte, Pyrame se suicide, puis Thisbé désespérée fait de même. En 1771, la fin fut modifiée, les deux adolescents ressuscitant. Le décor de l’acte V, situé en forêt, laisse deviner à travers les arbres les tombeaux des rois assyriens, évoquant le bois des tombeaux du Parc Monceau. Une gravure coloriée fut tirée du dessin de Carmontelle.
Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-Paris, 1806), La cantatrice Sophie Arnould (1740-1802), dans l’opĂ©ra Pyrame et ThisbĂ©. Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 32 cm ; L. 19,8 cm Inscriptions : Mlle Sophie arnould, dans L’opĂ©ra de pyrame Et ThisbĂ© / 1760 (b., encre) Hist. : coll. LĂ©dans (1807) ; Pierre de La MĂ©sangère (1816) ; Henri d’OrlĂ©ans, duc d’Aumale (L. 2778) Bibl. : Gruyer, 1902, n° 420. CAR-420 (T. VI n° 33)
Connue pour la qualité de son jeu et de sa voix, l’actrice et cantatrice débuta à dix-sept ans. Célèbre pour ses bons mots, elle n’était pas très jolie selon Mme Vigée-Lebrun. De sa liaison avec le duc de Lauragais, elle eut quatre enfants. Inspirée des Métamorphoses d’Ovide, la tragédie lyrique de Francoeur et Rebel Pyrame et Thisbé, créée en 1726, décrit les amours contrariées de deux adolescents qui s’aiment depuis l’enfance, mais que leurs familles souhaitaient marier à leur gré. L’opéra fut repris en janvier 1759 avec Sophie Arnould dans le rôle de Thisbé et Mlle Chevalier dans le rôle de Zoraïde, fille du roi Zoroastre. Croyant Thisbé morte, Pyrame se suicide, puis Thisbé désespérée fait de même. En 1771, la fin fut modifiée, les deux adolescents ressuscitant. Le décor de l’acte V, situé en forêt, laisse deviner à travers les arbres les tombeaux des rois assyriens, évoquant le bois des tombeaux du Parc Monceau. Une gravure coloriée fut tirée du dessin de Carmontelle.

Catalogue de l’exposition 
Carmontelle, ou le temps de la douceur de vivre dans la collection Carnets de Chantilly n° 11 (catalogue par Nicole Garnier-Pelle).