À propos

Sylvain Silleran, artiste dessinateur

Sylvain Silleran

A défaut d’être Iggy Pop, je dessine des chansons, des petites émotions, des petites rages comme des titres et des refrains, avec des mots ici et là, entrés par effraction. Des morceaux de pop culture où, comme dans le klezmer, on passe du rire aux larmes. Me revoilà à recopier ces quelques vers dans les marges de mes cahiers comme des slogans révolutionnaires, pour ne pas les oublier, sans trop savoir pourquoi. Aujourd’hui nous savons. Nous savons que le temps de cette chanson tout devient possible, nous dansons, libres d’être et de devenir. Cette énergie punk rock qui refuse de déguerpir nous parle des choses essentielles, des uns et des autres, du deuil et de demain. Elle nous rappelle de toujours oser être, d’oser aimer, de nous relever comme un boxeur après chaque coup parce que le match n’est pas encore fini.

Tout se mélange dans un flux accéléré, rapide comme un fil Instagram. Des dessins, de la peinture, de la musique, des mots et des phrases, des instantanés pris avec un téléphone, trois fois rien mais la vie. La vie qu’on nous promet qu’elle va un jour finir par défiler sous nos yeux très vite, juste au moment ou on va partir. De l’encre, du feutre, de l’acrylique, un crayon de couleur, un bout de papier recollé ici… de la couture et du rafistolage, une urgence à reconstruire un folklore avec des morceaux éparpillés façon puzzle. Des identités sexuelles qui fusionnent, un dimanche à la plage, un selfie qui rencontre un portrait familial de 1920, un ninja de jeu vidéo, un bouquet de tulipes, une vieille bande dessinée de gare, Laïka la chienne cosmonaute, un jambon-beurre sur le zinc du bistrot, les enquêtes de l’inspecteur Columbo, une petite fille qui dessine une marelle sur le trottoir… Ouf! je suis vivant! Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout… ça dépend des jours.

Comment construire son identité à soi avec des morceaux glanés ici et là, vite, parce que les esprits me talonnent, je les entends déjà derrière moi, leurs disputes et leurs chamailleries millénaires. A travers cette déconstruction/reconstruction de l’identité, de la culture et de la mémoire c’est l’homme que je cherche, l’homme nu, libre, Adam, le premier, et puis tous les autres.