“Hugo décorateur”

à la Maison Victor Hugo, Paris

du 13 novembre 2025 au 26 avril 2026

Maison Victor Hugo

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Extrait du communiqué de presse :

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Parcours de l’exposition

Au premier étage

Salle 1 – Victor Hugo décorateur
Oui, Victor Hugo fut aussi décorateur ! Toute sa vie, il collectionna compulsivement des objets, non pour leur valeur, mais pour leur étrangeté, leur beauté, leur poésie ou leur exotisme. Plus que collectionneur, Hugo était un assembleur, un créateur d’univers saturés d’objets mis en scène. Chez lui, chaque pièce devient un décor vivant, reflet de ses pensées, comme ses dessins ou ses écrits. Sa passion atteint son apogée à Hauteville House, sa maison d’exil à Guernesey, dont la visite prolonge idéalement cette exposition. Ce parcours sur deux étages du musée tente de restituer cette facette de sa créativité, malgré les décors disparus ou intransportables. Rêverie autour du décor Chez Hugo, les formes d’expression – dessin, poésie, décoration – communiquent de manière souterraine, par la pensée, les thèmes, les émotions. Certains dessins exposés ici reprennent des éléments décoratifs, prolongeant leur rêverie et révélant les liens étroits entre oeuvre graphique et création décorative.

Salle 2 – Intérieurs parisiens
Avant l’exil, Victor Hugo occupa plusieurs logements parisiens : rue de Vaugirard (1824-1827), rue Notre-Dame-des-Champs (1827-1830), rue Jean-Goujon (1830-1832), place Royale (aujourd’hui place des Vosges, 1832-1848), puis brièvement rue de l’Isly et rue de La Tour-d’Auvergne (1848-1852). Comme tout artiste romantique, Hugo façonna ses intérieurs à son image. Les journalistes, dans leurs portraits de l’écrivain, décrivaient systématiquement son intérieur. Aujourd’hui, ces témoignages et un dessin de son salon place Royale (1847) constituent nos principales sources. La vente du mobilier, imposée par l’exil en 1852, disperse la plupart des objets. Quelques meubles subsistants furent envoyés à Guernesey en 1856. Leur rareté ne permet d’imaginer qu’un pâle reflet de la profusion qui caractérisait ces espaces, déjà organisés selon des principes décoratifs qu’on retrouve à Hauteville House : composition par ensembles, plafonds décorés, mélange de matériaux.

Salle 3 – Le décor de l’amour. Pour Juliette
Juliette Drouet (1806-1883), actrice et compagne fidèle de Victor Hugo dès 1833, partage sa passion pour la décoration et les objets. Ils s’offrent, échangent, achètent ensemble. Les appartements parisiens de Juliette reflètent le même goût que ceux du poète. Ainsi Juliette donne les éléments de sa chambre pour qu’ils soient intégrés à Hauteville House. Hugo, en retour, décore ses deux maisons successives : La Fallue et Hauteville II. Il démonte des meubles, les recompose, les transforme, et crée pour elle des panneaux gravés et peints d’inspiration chinoise, conçus pour mettre en valeur ses précieuses porcelaines. Ces décors, conservés (voir salles 3 et 4 au 2e étage), témoignent d’un parallélisme volontaire entre leurs deux demeures. Le décor devient ici un véritable langage amoureux, où Juliette est symboliquement consacrée comme « seconde épouse ».

Salle 4 – Échanges familiaux
Victor Hugo est profondément attaché à sa famille. Ses créations décoratives, reflet de sa pensée et de sa mémoire, sont aussi destinées à ses proches et nourrissent les échanges familiaux. Il offre à sa fille Adèle deux dessins aux cadres peints par lui-même. À Hauteville House, chacun est libre d’aménager sa chambre, mais l’influence du patriarche reste perceptible. Ainsi, la coiffeuse et les chaises de la chambre de Mme Hugo suivent son goût. Adèle confectionne des cadres en velours, son fils Charles participe activement à la décoration : il achète des meubles, peint sur des volets ou des miroirs, et rédige le premier livre sur Hauteville House, illustré de gravures d’après les photographies d’Edmond Bacot (1860).

Salle 5 – Hauteville House
Achetée en 1856, Hauteville House est le grand oeuvre décoratif de Victor Hugo. C’est sa seule maison en propriété, qu’il réinvente intégralement. Il y recrée un foyer d’exil mêlant souvenirs de France, poésie, engagement politique et vision spirituelle. On l’a qualifiée d’autoportrait ou d’autobiographie. Ce travail est rigoureux, maîtrisé, relevant d’une véritable grammaire décorative. Hugo joue des contrastes de matières et de couleurs, transforme des meubles anciens, les détourne, les adapte. Il orchestre la lumière, les ombres, les reflets. Il met en scène les objets curieux ou précieux qu’il affectionne. Altérée au fil du temps, la maison s’était transformée et seules les photographies les plus anciennes témoignaient de l’état originel de sa décoration. Elles ont guidé la grande campagne de restauration mené en 2018 grâce au mécénat exclusif de Pinault Collection, visant à retrouver l’aspect visuel créé par Victor Hugo.

Salle 6 – La tour du Nord
En 1866, Victor Hugo, de plus en plus solitaire, verrouille la salle de billard, symbole de la vie familiale. La pièce devient un lieu fermé, servant à entreposer les nombreux objets qu’il continue d’acheter compulsivement. Les petits-enfants du poète appellent cette pièce mystérieuse « la tour du Nord ». Ici, elle sert de métaphore pour présenter des objets retrouvés en réserve à Hauteville House. Témoins de l’éclectisme du poète et de sa curiosité sans frontières, ils reflètent son imaginaire et sa vision poétique du monde.

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Au second étage

Salle 1 – L’antichambre
Longtemps considérés comme espagnols et hérités de son père, ces coffres de carrosse sont en réalité de fabrication anglaise. Hugo les aurait acquis lui-même, attiré par leurs décors de cuir clouté. Il en démonte certains pour créer un banc ou une armoire dans la galerie de chêne de Hauteville House, et en reproduit les motifs. Ainsi, il joue avec l’objet brut, sa transformation et sa réinvention.

Salle 2 – Le salon rouge
Dispersés lors de la vente de juin 1852, ou réutilisés à Hauteville House, rares sont les meubles témoignant des appartements parisiens – et en particulier de celui de la place Royale. Un bahut et un miroir de Venise en sont des témoins. Ils attestent la permanence du goût de Victor Hugo pour les meubles de chêne du XVIIe siècle et pour les verres vénitiens. Selon la tradition, ils ont été rachetés par Paul Meurice, qui les a offerts à la création du musée, dont il est à l’origine.

Salle 3 – Pendant l’exil (1851–1870) — Décors pour Juliette Drouet
Juliette vit discrètement à Guernesey, d’abord à La Fallue, puis à Hauteville II. Hugo, aidé de menuisiers, y conçoit meubles et panneaux décoratifs. En 1864, il crée des panneaux gravés et peints, inspirés de panneaux chinois (deux exemplaires visibles de part et d’autre de la cheminée). Fantaisie, humour et références intimes s’y mêlent, comme ce personnage chinois dégustant un poisson, clin d’oeil à Suzanne, la cuisinière de Juliette. Décorant trois pièces de Hauteville II, ces panneaux, démontés à la mort de Juliette et acquis par Paul Meurice pour le musée, sont ici réinstallés en 1903.

Salle 4 – Pendant l’exil (1851–1870) — Victor Hugo créateur de meubles
Cette salle à manger reconstituée rassemble les meubles créés par Hugo pour Juliette à La Fallue et Hauteville II, qui étaient associés à des panneaux peints d’inspiration chinoise, comme en témoignent les photographies anciennes. Avec Juliette, Hugo arpente Guernesey à la recherche de coffres paysans. Il charge aussi ses fils de trouver des meubles gothiques ou Renaissance, qu’il fait démonter et réassembler selon ses dessins. Ses menuisiers sculptent armoiries, éléments décoratifs et assemblages. Pratiques, ces créations sont aussi de véritables oeuvres poétiques, alliant humour et inventivité.

Salle 5 et 6 – Après l’exil
De retour à Paris en 1870, Victor Hugo déménage plusieurs fois durant les quinze dernières années de sa vie. Il acquiert un nouveau mobilier, notamment rue de Clichy (1874-1878), puis avenue d’Eylau (1878-1885), rebaptisée avenue Victor Hugo en 1881. Ses intérieurs deviennent plus bourgeois. Pris par ses activités politiques, sociales et littéraires, il consacre moins de temps à la décoration. On y retrouve des éléments de son goût, mais l’invention poétique cède la place à la solennité du grand homme.

Salle 7 – La chambre de Victor Hugo
Cette pièce reconstitue fidèlement la chambre de Victor Hugo avenue d’Eylau, entre 1878 et 1885. La reconstitution s’appuie sur des peintures d’époque, des articles de presse et les souvenirs de Georges Hugo, notamment dans Mon grand-père (1910) : « Un grand meuble à deux corps dans lequel mon grand-père enfermait ses manuscrits. […] Le lit de style Louis XIII à colonnes torses, venait du fond de la pièce jusqu’à la cheminée. À côté du lit, sur un chiffonnier de chêne sculpté, une Justice en plâtre doré tenait son glaive en un geste froid. Petite cheminée de marbre blanc avec un dessus de soie à feston, une pendule, deux chandeliers. Au plafond, une tapisserie encadrée d’une large bande de velours vert. […] Un tapis de Smyrne étouffait les pas. C’est dans ce lit, entouré des siens, que Victor Hugo s’éteignit le 22 mai 1885.