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🔊 “Ni cygne ni lune” OEuvres tchĂšques 1950-2014, au Centre Pompidou, Paris, du 7 octobre 2020 au 1er fĂ©vrier 2021

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“Ni cygne ni lune” OEuvres tchùques 1950-2014 de la collection Claude et Henri de Saint Pierre

au Centre Pompidou, Paris

du 7 octobre 2020 au 1er février 2021

Centre Pompidou

PODCAST - Interview de Karolina Ziebinska-Lewandowska, conservatrice au MusĂ©e national d’art moderne - Cabinet de la photographie, et commissaire de l'exposition, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 7 octobre 2020, durĂ©e 14’14. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Karolina Ziebinska-Lewandowska, conservatrice au MusĂ©e national d’art moderne – Cabinet de la photographie, et commissaire de l’exposition,

par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 7 octobre 2020, durĂ©e 14’14, © FranceFineArt.


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Ni cygne ni lune; OEuvres tchques 1950-2014 de la collection Claude et Henri de Saint Pierre
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Ni cygne ni lune; OEuvres tchques 1950-2014 de la collection Claude et Henri de Saint Pierre
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© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Karolina Ziebinska-Lewandowska, le 7 octobre 2020.

Eva FukovĂĄ (1927-2015), ProchĂĄzka v Quogue (Promenade Ă  Quoque), 1973. Ă©preuve gĂ©latino-argentique. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Eva FukovĂĄ (1927-2015), ProchĂĄzka v Quogue (Promenade Ă  Quoque), 1973. Ă©preuve gĂ©latino-argentique. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Våclav Boƥtík (1913-2005), Fissonnement en bleu II, 1973. huile sur toile 81,5 x 100,5 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. ©Droits réservés.
Våclav Boƥtík (1913-2005), Fissonnement en bleu II, 1973. huile sur toile 81,5 x 100,5 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. ©Droits réservés.
Jiƙí Koláƙ (1914-2002), Illustration pour le livre de Bohumil Hrabal « Automat svet », Ă©dition allemenade, 1966 collage. 45 x 32,5 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. © Jiƙí Koláƙ.
Jiƙí Koláƙ (1914-2002), Illustration pour le livre de Bohumil Hrabal « Automat svet », Ă©dition allemenade, 1966 collage. 45 x 32,5 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. © Jiƙí Koláƙ.
Běla KoláƙovĂĄ (1923–2010), Variace II (Variation II), 1962. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 27,2 x 22,8 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Běla KoláƙovĂĄ (1923–2010), Variace II (Variation II), 1962. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 27,2 x 22,8 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. ©Droits rĂ©servĂ©s.

Extrait du communiquĂ© de presse :


Commissaire :
Karolina Ziebinska-Lewandowska, conservatrice au MusĂ©e national d’art moderne, Cabinet de la photographie

assistée de :
Julie Jones, attachĂ©e de conservation au MusĂ©e national d’art moderne, Cabinet de la photographie
CĂ©line Makragic, attachĂ©e de collection au MusĂ©e national d’art moderne.



SituĂ©e au coeur des collections du MusĂ©e national d’art moderne, la salle Focus met Ă  l’honneur depuis 2015 des artistes modernes et contemporains de toutes disciplines, Ă  partir d’oeuvres marquantes entrĂ©es dans les collections sous forme de dons rĂ©cents.


AprĂšs Barnett Newman, Chen Zhen, Hubert Damisch, Jos Houweling et tout rĂ©cemment Yuan Jai, le Centre Pompidou prĂ©sente la donation d’Henri et Claude de Saint Pierre, une quarantaine d’oeuvres offertes au MusĂ©e, complĂ©tĂ©e de quelques autres issues de leur collection. ConstituĂ© de prĂšs de soixante-dix oeuvres, cet ensemble permet de dĂ©voiler un fragment encore mal connu de la scĂšne artistique tchĂšque. Les Ɠuvres des photographes du groupe du nouveau documentaire DOFO, les images de murs par Emila MedkovĂĄ et celles de la rĂ©alitĂ© « pauvre » par Alois NoĆŸička et Čestmir KraÅLtkĂœ, les natures mortes paisibles de Jan Svoboda, le rĂ©alisme poĂ©tique de Bohuslav Reynek, l’art brut de Jan KĆ™Ă­ĆŸek, les recherches abstraites de Bela KoláƙovĂĄ ou les actions subversives de l’artiste Fluxus Milan KnĂ­ĆŸĂĄk, attestent la richesse et la diversitĂ© de l’art en TchĂ©coslovaquie communiste. Majoritairement photographique, l’exposition introduit Ă©galement quelques magnifiques exemples de l’abstraction picturale des annĂ©es 1960 et 1970 avec des toiles de Josef Sima, Vaclav BoĆĄtĂ­k ou des pastels de Karel Malich.


PrĂ©sentant les oeuvres d’une vingtaine d’artistes, l’exposition « Ni cygne ni lune » offre ainsi un regard Ă  la fois diffĂ©rent et complĂ©mentaire sur l’avant-garde europĂ©enne la plus connue.


Dans l’histoire de l’abstraction europĂ©enne de l’aprĂšs-guerre, il semble que l’ombre du Rideau de fer soit encore trop prĂ©sente : la rĂ©vision des canons de l’abstraction d’Europe occidentale n’a pas encore eu lieu. Il n’est donc pas Ă©tonnant que Karel Malich, Vaclav BoĆĄtĂ­k, Emila MedkovĂĄ, Bela KoláƙovĂĄ ou Čestmir KraÅLtkĂœ, grands noms de l’histoire de l’art en RĂ©publique TchĂšque, restent ailleurs, relativement inconnus. AprĂšs 1945, l’abstraction tchĂ©coslovaque, nourrie de l’expĂ©rience du surrĂ©alisme, donne naissance Ă  une version particuliĂšre de l’informel qui commence avec des expositions indĂ©pendantes telles « Konfrontace » vers 1960 ; cette abstraction est aussi empreinte de l’hĂ©ritage du constructivisme, comme en tĂ©moignent les oeuvres de Zdenek Sykora, Milan Grygar ou de Stanislav Kolibal. Au sein des groupes d’artistes engagĂ©s dissidents, comme dans les expositions, peinture et photographie se cĂŽtoient. Si la frontiĂšre politique a certes limitĂ© les Ă©changes artistiques, ces oeuvres font partie intĂ©grante de l’histoire europĂ©enne.


Avec le don d’une quarantaine d’oeuvres de la collection de Claude et Henri de Saint Pierre, rĂ©alisĂ© en 2019, les collections du MusĂ©e national d’art moderne comblent en partie cette lacune. Le couple dĂ©couvre l’art tchĂšque d’aprĂšs-guerre dans les annĂ©es 1990, pĂ©riode pendant laquelle Henri de Saint Pierre se dĂ©place rĂ©guliĂšrement en tant que conseiller dans les usines et fonderies de la RĂ©publique tchĂšque. Une scĂšne artistique riche, mais restĂ©e locale, devient une terre d’exploration qui, sous l’égide de Claude de Saint Pierre, mĂšne Ă  la constitution d’une collection privĂ©e unique, conservĂ©e Ă  Paris.



Notices biographiques par Athina Alvarez et Olga Frydryszak-Retat – 

Extrait du catalogue de l’exposition « Ni cygne ni lune” sous la direction de Karolina Ziebinska-Lewandowska aux Éditions Dilecta / Centre Pompidou

Alois NoĆŸička (1934), Ani labuĆ„ ani luna (Ni cygne ni lune), 1967. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 39,4 x 29 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Alois NoĆŸička (1934), Ani labuĆ„ ani luna (Ni cygne ni lune), 1967. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 39,4 x 29 cm. Coll. Claude et Henri de Saint Pierre. ©Droits rĂ©servĂ©s.
VilĂ©m Reichmann (1908–1991), Sans titre, vers 1960. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 21 x 17,4 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/ Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
VilĂ©m Reichmann (1908–1991), Sans titre, vers 1960. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 21 x 17,4 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/ Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Josef Hampl (1932–2019), Photogramme, 1961. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 18 x 13 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Josef Hampl (1932–2019), Photogramme, 1961. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 18 x 13 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Jan Svoboda (1934-1990), StĆŻl (La Table), 1981. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 18 x 24,1 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Jan Svoboda (1934-1990), StĆŻl (La Table), 1981. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 18 x 24,1 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Jan Svoboda (1934-1990), Sans titre, 1980. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 40,5 x 58,2 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.
Jan Svoboda (1934-1990), Sans titre, 1980. Ă©preuve gĂ©latino-argentique 40,5 x 58,2 cm. Centre Pompidou, MNAM – CCI. ©Centre Pompidou,MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-CP. ©Droits rĂ©servĂ©s.

Stanislav Benc – 1935, Prague, TchĂ©coslovaquie – 2015, Prague, RĂ©publique tchĂšque

Stanislav Benc est un artiste, photographe et camĂ©raman tchĂšque. Entre 1952 et 1954, il Ă©tudie au collĂšge des arts appliquĂ©s de Prague. Il poursuit ses Ă©tudes en chimie Ă  l’Institut de technologie chimique de Prague de 1954 Ă  1956 et travaille pour la tĂ©lĂ©vision tchĂ©coslovaque en tant qu’éclairagiste avant de devenir assistant camĂ©raman. De 1986 Ă  1991, il Ă©tudie le cinĂ©ma Ă  la Film and TV School de l’Academy of Performing Arts de Prague. En parallĂšle, il s’initie Ă  la photographie et expose dĂšs 1961. Il a briĂšvement Ă©tĂ© membre du Fotoklub Praha. En 1965 il participe Ă  l’exposition « Confrontations III » au AleĆĄ Hall Ă  Prague Ă  laquelle participent des peintres et photographes abstraits, dont Cestmir KraÅLtkĂœ et Karel KuklĂ­k. Benc utilise Ă©galement le collage en tissant et en dĂ©formant la composition de ses photographies qui donnent l’impression de vibrer. Ces constructions rĂ©arrangĂ©es rĂ©sultent de la superposition de plusieurs reproductions de chaque image en coupes verticales.


VĂĄclav BoĆĄtĂ­k –
1913, HornĂ­ Újezd, Autriche-Hongrie – 2005, Prague, RĂ©publique tchĂšque

DiplĂŽmĂ© de l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Prague, oĂč il Ă©tudie dans l’atelier de Willy Nowak, VĂĄclav BoĆĄtĂ­k est l’une des figures majeures de la peinture abstraite en TchĂ©coslovaquie et membre du groupe d’art UměleckĂĄ berseda [Art forum], Ă  partir de 1942, dont l’activitĂ© a Ă©tĂ© officiellement interrompue en 1972 et puis relancĂ©e aprĂšs 1989. Le dĂ©but de sa production artistique est nourri par les influences des peintres rĂ©alistes CĂ©zanne et Corot. DĂšs la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1950, BoĆĄtĂ­k se dirige vers une oeuvre abstraite dans laquelle il dĂ©noue les questions essentielles de l’existence par de simples formes gĂ©omĂ©triques et des jeux de lumiĂšre mĂȘlant des combinaisons de couleurs. À la mĂȘme Ă©poque, il participe avec le peintre Jiƙí John Ă  la crĂ©ation d’un mĂ©morial aux victimes de l’Holocauste, Ă  l’intĂ©rieur d’une synagogue praguoise. En 1960 il lance la crĂ©ation du groupe d’art UB 12 qui influence de maniĂšre significative le dĂ©veloppement de l’art tchĂšque au cours de la dĂ©cennie qui commence. RestĂ© en TchĂ©coslovaquie dans les annĂ©es qui ont suivi l’intervention des troupes soviĂ©tiques, en 1968, il n’a vu ses oeuvres officiellement reconnues et exposĂ©es Ă  Prague qu’au printemps 1989, aprĂšs la chute du rĂ©gime totalitaire.


Eva FukovĂĄ –
1927, Prague, TchĂ©coslovaquie – 2015, New York, États-Unis

Eva FukovĂĄ s’oriente trĂšs tĂŽt vers les arts grĂące au travail de sa mĂšre, Ă©crivaine, et de son pĂšre, peintre. FormĂ©e Ă  la peinture Ă  l’École des arts graphiques de Prague sous la direction du professeur Rudolf Skopec, elle Ă©tudie ensuite Ă  l’AcadĂ©mie des arts visuels de 1945 Ă  1950. Son travail de photographe commence en 1939 lorsque son pĂšre lui offre un Leica. Quelques annĂ©es plus tard, en 1951, elle se lie d’amitiĂ© avec Jiƙí Koláƙ, Jan Hanč, Kamil LhotĂĄk, Jan RychlĂ­k, Zdeněk UrbĂĄnek et Josef Schwarz. Elle frĂ©quente avec son mari, VladimĂ­r Fuka, les artistes qui poursuivent le travail du Skupina 42 [Groupe 42] et en 1963, elle publie une monographie. En 1967, elle Ă©migre avec son mari aux États-Unis. Une deuxiĂšme monographie est publiĂ©e en 2007 par Torst aprĂšs deux grandes expositions dĂ©diĂ©es Ă  FukovĂĄ en 1996 et 2007. L’Ɠuvre de FukovĂĄ porte une empreinte surrĂ©aliste sans pour autant appartenir au mouvement. Son travail s’apparente Ă  celui de Jiƙí Koláƙ en employant la technique du photomontage, nĂ©anmoins sa dĂ©marche est diffĂ©rente puisqu’elle rĂ©utilise des photographies et non des images trouvĂ©es, et qu’elle privilĂ©gie des compositions trĂšs structurĂ©es qu’elle rephotographie afin d’obtenir un rendu lisse.


Antonin Gribovsky ́-
1933, Brno, TchĂ©coslovaquie – 1989, Olomouc, TchĂ©coslovaquie

Antonin GribovskĂœ se tourne trĂšs tĂŽt vers la photographie, rĂ©alisant ses premiĂšres prises de vues Ă  14 ans. AprĂšs une courte formation artistique dans l’atelier du sculpteur Jaroslav Vaněk, il devient machiniste dans l’usine d’armement de Brno puis travaille entre 1961 et 1963 dans une fabrique de machines Ă  outils de Pƙerov. Cofondateur du groupe DOFO qui rĂ©unit Ă  partir de 1958 des artistes d’Olomouc comme Jan Hajn, Rupert Kytka ou encore Ivo Pƙeček, GribovskĂœ fait partie des photographes qui ont fait de l’univers industriel des usines dans lesquelles ils travaillent un lieu d’expĂ©rimentations visuelles. InfluencĂ©s par le surrĂ©alisme introduit dans l’art tchĂšque par les artistes d’avant-garde des annĂ©es 1920 et 1930 – dont les peintres Jindƙich Ć tyrskĂœ, Toyen ou Josef Ć Ă­ma – et par la philosophie de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, ses clichĂ©s traitent de sujets comme la mort, la solitude ou l’aliĂ©nation, Ă©voquant un sentiment d’inutilitĂ© de l’existence dans une sociĂ©tĂ© totalitaire restrictive. Technicien de la photographie, GribovskĂœ n’hĂ©site pas Ă  expĂ©rimenter avec les techniques de prise de vue et de dĂ©veloppement comme le principe de la solarisation ou la superposition d’images, crĂ©ant des photographies Ă©nigmatiques empreintes de nostalgie et d’anxiĂ©tĂ©.


Jan Hajn –
1923, Galanta, TchĂ©coslovaquie – 2006, Olomuc, RĂ©publique tchĂšque

Issu du milieu amateur, membre fondateur du groupe DOFO crĂ©Ă© en 1958 dans la foulĂ©e de la dĂ©tente politique, Jan Hajn est l’auteur d’une oeuvre prolifique et fascinante au travers de laquelle il s’est attachĂ©, tout au long de sa vie, Ă  retranscrire la beautĂ© cachĂ©e des lieux et des objets du quotidien. Aux cĂŽtĂ©s d’autres photographes amateurs comme Antonin GribovskĂœ, Rupert Kytka, Ivo Pƙeček ou JaromĂ­r Kohounek, Hajn fait de l’environnement industriel dans lequel il travaille le thĂ©Ăątre de ses mises en scĂšnes photographiques. Scrutant les dĂ©tails nĂ©gligĂ©s, les objets oubliĂ©s ou abandonnĂ©s, les clichĂ©s de Jan Hajn dĂ©voilent avec finesse la beautĂ© du monde en apparence trĂšs prosaĂŻque de l’usine. Le style photographique de Hajn et des autres membres de DOFO sera d’ailleurs qualifiĂ© par le critique d’art VĂĄclav Zykmund comme une « poĂ©sie du quotidien ». PrĂ©sentĂ©s en 1966 au Museum Folkwang Ă  Essen lors de l’exposition « Surrealismus und Fotografie [SurrĂ©alisme et photographie] » organisĂ©e par Otto Steiner, leurs travaux – par leur gravitĂ©, leur pertinence et leur beautĂ© intrinsĂšque – ont un impact sur la photographie qui dĂ©passe les frontiĂšres nationales.


Josef Hampl –
1932, Prague, TchĂ©coslovaquie – 2019, HruĆĄov, Slovaquie

Peintre, graphiste, dessinateur, photographe, formĂ© Ă  l’École des arts dĂ©coratifs de Prague entre 1955-1960 sous la direction du professeur Jaroslav MasĂĄk, Josef Hampl expose dĂšs la fin des annĂ©es 1950. De 1967-1990 il enseigne les arts graphiques Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Prague. Au dĂ©but de sa carriĂšre artistique il est proche de VladimĂ­r BoudnĂ­k, artiste visuel considĂ©rĂ© comme fondateur et reprĂ©sentant de « l’explosionalisme », tous les deux engagĂ©s dans le mouvement de l’abstraction. Également ami de l’écrivain Bohumil Hrabal et du poĂšte et artiste Jiƙí Koláƙ, Hampl s’essaye entre autres Ă  l’art du collage et entreprend des interventions dans le paysage au cours des annĂ©es 1970 et 1980. Son support de prĂ©dilection est le papier et il expĂ©rimente plusieurs techniques en combinant la gravure avec le dessin et le collage. Ces expĂ©rimentations sont suivies dans les annĂ©es 1990 par la rĂ©alisation des montages cousus en grand format sur toile. Au fil du temps, Hampl Ă©labore ses propres techniques et approches novatrices dans de vastes sĂ©ries sur lesquelles il intervient Ă  plusieurs reprises, dĂ©montrant son intĂ©rĂȘt pour le processus crĂ©atif.


KriĆĄtof Kintera –
1973, Prague, Tchécoslovaquie

KriĆĄtof Kintera est un sculpteur basĂ© Ă  Prague et Ă  Amsterdam. Reconnu internationalement, il a notamment exposĂ© Ă  plusieurs reprises en France. Il a Ă©tudiĂ© Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Prague et Ă  la Rijksakademie van Beeldende Kunsten d’Amsterdam. Il transforme des dĂ©tritus technologiques collectĂ©s dans des dĂ©chetteries – des machines et des piĂšces d’ordinateurs, des radios ou encore des cĂąbles – en installations monumentales ou en sculptures. Il utilise des objets qui proviennent directement du quotidien des consommateurs et dĂ©tourne leur emploi : il les modifie en y introduisant des microfictions, des usages absurdes, et les Ă©lĂšve au rang d’oeuvres d’art. Ses travaux font rĂ©fĂ©rence aux doutes exprimĂ©s dans les sociĂ©tĂ©s sous des rĂ©gimes autoritaires ou communistes qui se retrouvent en plein essor Ă©conomique, laissant derriĂšre eux les prĂ©occupations locales. Son travail sur la rĂ©utilisation de dĂ©tritus s’inscrit Ă©galement dans une problĂ©matique Ă©cologique qui cible les pays en dĂ©veloppement.


Milan KnĂ­ĆŸĂĄk –
1940, Plzeƈ, Tchécoslovaquie

NĂ© en 1940 Ă  Plzeƈ, Milan KnĂ­ĆŸĂĄk grandit dans la ville thermale de Marienbad, aprĂšs l’expulsion en 1945 des Allemands de TchĂ©coslovaquie. Son pĂšre, violoniste amateur, enseigne les mathĂ©matiques et les arts et c’est auprĂšs de lui que KnĂ­ĆŸĂĄk s’initie Ă  la peinture et Ă  la musique. À partir des annĂ©es 1960 et aprĂšs un bref passage aux Beaux-Arts de Prague, il fonde avec des amis artistes le groupe Aktual Art qui organise des manifestations artistiques dans les rues de la ville. La photographie est alors pour KnĂ­ĆŸĂĄk un outil idĂ©al pour enregistrer les nombreuses performances, happenings et installations. Membre du groupe Fluxus, KnĂ­ĆŸĂĄk utilise Ă©galement la photographie pour des collages – associant Ă©crit, peinture, dessin et parfois mĂȘme objets trouvĂ©s dans la rue – dont les compositions s’inspirent de l’esthĂ©tique de l’affiche publicitaire et reflĂštent une influence prĂ©gnante du pop art amĂ©ricain et du nouveau rĂ©alisme. AprĂšs deux dĂ©cennies dominĂ©es par l’hĂ©ritage du surrĂ©alisme, les annĂ©es 1960 ouvrent ainsi la voie Ă  une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’artistes mĂȘlant art et politique, expĂ©rimentant avec les matĂ©riaux informels, et dont Milan KnĂ­ĆŸĂĄk, photographe, plasticien, musicien et activiste, est l’une des figures de proue.


Jiƙí Koláƙ –
1914, ProtivĂ­n, TchĂ©coslovaquie – 2002, Prague, RĂ©publique tchĂšque

Jiƙí Koláƙ est un artiste et Ă©crivain aussi bien connu pour sa poĂ©sie que pour ses collages. Son oeuvre incarne l’indĂ©pendance et l’originalitĂ© Ă  une Ă©poque oĂč la rĂ©pression culturelle communiste fait des ravages, lui faisant ainsi subir l’oppression et l’emprisonnement

dans son pays natal. Koláƙ commence Ă  exposer son travail en 1937 et publie son premier recueil de poĂ©sie intitulĂ© Certificat de baptĂȘme en 1941. Un an plus tard, aux cĂŽtĂ©s du thĂ©oricien de l’art Jindƙich ChalupeckĂœ, du sculpteur Ladislav ZĂ­vr, du peintre FrantiĆĄek Hudeček et des poĂštes Ivan BlatnĂœ et Josef Kainar entre autres, il fonde Skupina 42 [Groupe 42] qui met en avant « l’enchantement de la technique ». Entre 1959 et 1961, il rĂ©alise ses PoĂšmes du silence, qui proposent une vĂ©ritable rupture avec la poĂ©sie verbale et poussent la dĂ©construction du poĂšme entreprise par StĂ©phane MallarmĂ© et Guillaume Apollinaire. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, Koláƙ se tourne davantage vers les arts visuels et devient de plus en plus expĂ©rimental, se consacrant Ă  l’art du collage. Interdit de publication et d’exposition pendant la normalisation – pĂ©riode qui suit le Printemps de Prague et s’étend jusqu’à la RĂ©volution de velours entre 1968 et 1989 – et signataire de la Charte 77, Jiƙí Koláƙ part Ă  Berlin puis, empĂȘchĂ© de retourner Ă  Prague, Ă©migre en 1980 Ă  Paris, oĂč il fonde la Revue K, consacrĂ©e aux artistes d’origine tchĂšque vivant en exil.


Běla KoláƙovĂĄ –
1923, Terezin, TchĂ©coslovaquie – 2010, Prague, RĂ©publique tchĂšque

Běla KoláƙovĂĄ, formĂ©e initialement dans une Ă©cole de commerce, dĂ©couvre l’art et la photographie avec la rencontre pendant la Seconde Guerre mondiale de Jiƙí Koláƙ, poĂšte d’avant-garde et cofondateur du Skupina 42 [Groupe 42], qu’elle Ă©pouse en 1949. Autodidacte, elle s’initie Ă  la photographie dans les annĂ©es 1950 en rĂ©alisant une sĂ©rie de clichĂ©s d’enfants jouant dans les rues de Prague. AprĂšs ces premiers pas dans un style documentaire, KoláƙovĂĄ dĂ©laisse l’appareil photo et se renferme chez elle, expĂ©rimentant en chambre noire. De ses recherches sur la lumiĂšre et le mouvement naissent, en 1962, ses premiers Roentgenograms. Cette sĂ©rie devenue iconique est suivie par des compositions minimalistes – natures mortes surrĂ©alistes faites de cheveux coupĂ©s, de coquilles d’oeufs, de capsules de bouteille ou de dĂ©chets. Elle fait partie du groupe artistique KƙiĆŸovatka, au sein duquel domine l’abstraction gĂ©omĂ©trique et le op-art et qui compte parmi ses membres notamment Karel Malich, Zdeněk SĂœkora, Paula Mautnerova ainsi que Jiƙí Koláƙ.

L’activitĂ© photographique de Běla KoláƙovĂĄ ne dure qu’une quinzaine d’annĂ©es : Ă  partir des annĂ©es 1970, elle se tourne vers le collage, l’assemblage et le dessin, mais c’est bien par son travail en chambre noire qu’elle se fait remarquer en tant qu’artiste.


Cestmir KraÅLtkĂœ –
1932, Liberec, TchĂ©coslovaquie – 2016, Prague, RĂ©publique tchĂšque

AprĂšs des Ă©tudes d’ethnographie et d’histoire de l’art Ă  la Charles University de Prague de 1951 Ă  1956, Cestmir KraÅLtkĂœ dĂ©bute en tant qu’ethnologue dans les rĂ©gions de BohĂȘme et de Moravie oĂč il Ă©tudie les traditions populaires de la rĂ©gion jusqu’en 1960, tout en s’initiant Ă  la photographie. En 1960, il retourne Ă  Liberec pour se concentrer sur l’histoire de l’art et la pratique photographique, et devient commissaire Ă  la galerie municipale OblastnĂ­. Pendant cette pĂ©riode, il est influencĂ© par le travail d’Emila MedkovĂĄ, adhĂšre au mouvement abstrait et l’Informel, et participe aux expositions « Konfrontace III [Confrontations III] ». En 1968, il Ă©migre aux États-Unis, oĂč il restera jusqu’en 1986, avant de rejoindre le Mexique jusqu’en 1995. Les photographies de Cestmir KraÅLtkĂœ reflĂštent les recherches menĂ©es par les photographes tchĂšques des annĂ©es 1960, fortement influencĂ©s par le surrĂ©alisme de l’entre-deux-guerres. En 1963-1964, KraÅLtkĂœ emmĂ©nage Ă  proximitĂ© d’une dĂ©charge, le menant ainsi Ă  porter son regard sur la richesse des objets trouvĂ©s, Ă©parpillĂ©s sur le sol. Il accorde une place importante aux titres de ses oeuvres, qui donnent une dimension mĂ©taphorique aux images. Il rĂ©alise par ailleurs une commande particuliĂšre pour les aĂ©roports tchĂ©coslovaques oĂč ses photographies abstraites, agrandies, prennent la forme de panneaux monumentaux.


Jan KĆ™Ă­ĆŸek –
1919, Dobroměƙice, TchĂ©coslovaquie – 1985, Goulles, France

NĂ© en 1919 dans le petit village de Dobroměƙice, Jan KĆ™Ă­ĆŸek a passĂ© la majoritĂ© de sa vie en France, oĂč il a crĂ©Ă© une oeuvre inclassable et protĂ©iforme, fortement influencĂ©e par l’art brut et le surrĂ©alisme. AprĂšs des Ă©tudes aux Beaux-Arts de Prague, interrompues par la Seconde Guerre mondiale, KĆ™Ă­ĆŸek se forme en autodidacte, explorant un large champ de domaines, allant de l’art religieux Ă  la physique molĂ©culaire et Ă  l’anatomie. AttirĂ© par Paris, alors foyer des innovations artistiques, il s’y installe en 1948 et rĂ©alise des sculptures utilisant, faute de moyen, des pierres de dĂ©molition qu’il ramasse sur les chantiers. Son travail est remarquĂ© par le critique d’art Charles Estienne et par AndrĂ© Breton, avec qui il entretient une brĂšve correspondance et grĂące auquel il participe Ă  plusieurs rĂ©unions surrĂ©alistes. À dĂ©faut de matĂ©riel et d’espace pour la sculpture, il poursuit ensuite ses recherches par le dessin et la peinture, reproduisant de maniĂšre presque obsessive le mĂȘme motif de figure fĂ©minine. DĂ©noncĂ©s comme sans-papiers, KĆ™Ă­ĆŸek et sa femme fuient Paris. RĂ©fugiĂ© en CorrĂšze, il cesse alors dĂ©finitivement son activitĂ© de sculpteur et passe la fin de sa vie dans une petite maison qu’il construit de ses mains, vivant de l’apiculture.


Karel Malich –
1924, Holice, TchĂ©coslovaquie – 2019, Prague, RĂ©publique tchĂšque

Karel Malich est principalement connu pour ses sculptures gĂ©omĂ©triques en acier et ses mobiles en fil de fer. AprĂšs des Ă©tudes d’art et d’esthĂ©tique Ă  la facultĂ© des arts de la Charles University de Prague et Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts, il expose pour la premiĂšre fois en tant que membre du groupe Promena en 1959. Sa premiĂšre exposition personnelle se tient en 1963 Ă  la Maison de la culture de VysokĂ© MĂœto. Au fil du temps, Malich oriente son expression artistique vers l’abstraction et la gĂ©omĂ©trie en se concentrant sur des surfaces monochromes. Au cours des annĂ©es 1960, Malich rĂ©alise des collages, ce qui l’amĂšne Ă  crĂ©er des reliefs et des sculptures spatiales. C’est Ă  cette Ă©poque qu’il expose des dessins et des gouaches qui servent d’études prĂ©liminaires pour ses sculptures et qu’il rĂ©alise ses premiers modĂšles de nuages et de sculptures en fil tridimensionnel. Les sculptures spatiales de Malich deviennent progressivement dramatiques et denses : ses structures en fil de fer rappellent les lignes de forces cosmiques. En 1995, Karel Malich reprĂ©sente son pays Ă  la Biennale de Venise.


Pavla MautnerovĂĄ-
1919, Brno, TchĂ©coslovaquie – 2001, HaĂŻfa, IsraĂ«l

NĂ©e Ă  Brno en 1919, Pavla MautnerovĂĄ quitte sa ville natale alors qu’elle a 19 ans pour s’installer Ă  Prague. Elle y rencontre celui qui deviendra son mari, le peintre Robert Piesen, et se lie d’amitiĂ© avec les artistes MikulĂĄĆĄ Medek, Richard Fremund ou encore le sculpteur AleĆĄ VeselĂœ, qui vivait dans la mĂȘme maison que le couple. Sans formation acadĂ©mique, MautnerovĂĄ se met Ă  la peinture de maniĂšre intensive Ă  partir des annĂ©es 1950, dĂ©veloppant une oeuvre au caractĂšre mĂ©ditatif prononcĂ©. MautnerovĂĄ explore dans ses toiles les possibilitĂ©s intrinsĂšques de la matiĂšre, utilisant un colorant Ă  sĂ©chage rapide pour crĂ©er des motifs abstraits qu’elle rehausse de dorures. InspirĂ©es par l’art byzantin et l’Orient, ses peintures aux couleurs vibrantes rendent aussi hommage Ă  l’art chrĂ©tien mĂ©diĂ©val, rappelant parfois la forme des triptyques gothiques. Sa spiritualitĂ© se reflĂšte dans les titres qu’elle choisit, empruntant ses sujets au registre biblique, comme celui de la Robe de VĂ©ronique. En 1965, MautnerovĂĄ quitte dĂ©finitivement la TchĂ©coslovaquie avec son mari pour s’installer d’abord Ă  Vienne, puis dans la communautĂ© artistique de Ein Hod, en IsraĂ«l, avant de s’installer dans les annĂ©es 1990 Ă  HaĂŻfa, tout en continuant son activitĂ© artistique jusqu’à la fin de sa vie.


Emila MedkovĂĄ –
1928, ÚstĂ­ nad OrlicĂ­, TchĂ©coslovaquie – 1985, Prague, TchĂ©coslovaquie

Emila MedkovĂĄ se forme Ă  la photographie Ă  l’École d’art graphique de Prague auprĂšs du photographe Josef Ehm. Elle s’y familiarise avec l’avant-garde tchĂšque : la photographie de JaromĂ­r Funke et la peinture de MikulĂĄĆĄ Medek, qui deviendra son Ă©poux. Le couple cĂŽtoie le monde culturel et artistique pragois et rejoint le groupe surrĂ©aliste d’aprĂšs-guerre, menĂ© par la figure de l’artiste et critique Karel Teige. Les premiĂšres mises en scĂšne photographiques que MedkovĂĄ rĂ©alise entre 1947 et 1951, qui mettent en scĂšne des objets du quotidien – cheveux, coquilles d’Ɠufs –, tĂ©moignent de l’influence du surrĂ©alisme. Plus tard, MedkovĂĄ ancre davantage sa photographie dans le rĂ©el. Elle sort dans les rues de Prague et s’intĂ©resse aux dĂ©tails insignifiants de l’architecture urbaine, les failles dans les murs ou les objets abandonnĂ©es, dans une sĂ©rie rappelant le travail sur les graffitis de BrassaĂŻ. Les cadrages en gros plan mĂ©tamorphosent ces dĂ©tails en de singuliĂšres images teintĂ©es d’humour et de mĂ©lancolie, rĂ©vĂ©lant un regard unique. MalgrĂ© sa reconnaissance tardive, MedkovĂĄ, dont le travail inspira, entre autres, Alois NoĆŸička, n’en est pas moins l’une des plus importantes femmes photographes tchĂšques de l’aprĂšs-guerre.


Alois NoĆŸička-
Né en 1934 à Rudíkov, Tchécoslovaquie

NĂ© en 1934, il prend ses premiĂšres photographies Ă  10 ans, utilisant l’appareil de son pĂšre pour saisir les paysages de son enfance. Il Ă©tudie ensuite Ă  l’École secondaire d’art industriel de Brno, oĂč l’enseignement est alors concentrĂ© sur le rĂ©alisme socialiste soviĂ©tique, mais dĂ©couvre, grĂące aux collections de la bibliothĂšque, la photographie internationale – dont le travail de BrassaĂŻ. Il rĂ©alise en 1959 une premiĂšre sĂ©rie de photographies consacrĂ©e Ă  un cimetiĂšre juif dĂ©laissĂ©. En 1961, il rencontre le poĂšte et meneur du groupe surrĂ©aliste tchĂšque Milan Napravnik qui lui fait dĂ©couvrir le travail d’Emila MedkovĂĄ. NoĆŸička radicalise dĂšs lors sa dĂ©marche. Photographiant invariablement des dĂ©chets trouvĂ©s dans la rue, des chiffons, de la tĂŽle froissĂ©e, il resserre son cadre pour ne laisser place qu’à de pures abstractions. Ses clichĂ©s saisissants et souvent dramatiques, rĂ©vĂ©lant un art maĂźtrisĂ© de la texturologie, lui valent une reconnaissance dans les cercles surrĂ©alistes d’Europe de l’Ouest. Ses travaux restent davantage publiĂ©s Ă  l’étranger que dans son pays natal.


Ivo Pƙeček-
1935, Olomuc, TchĂ©coslovaquie – 2006, Olomouc, RĂ©publique TchĂšque

Ivo Pƙeček est le cofondateur du groupe DOFO, formĂ© en 1958 au moment de la dĂ©tente politique et culturelle aprĂšs l’époque stalinienne. Bien qu’issu du milieu de l’intelligentsia, il n’a pas la possibilitĂ© de suivre des Ă©tudes artistiques et se fait engager Ă  l’usine. Son intĂ©rĂȘt pour l’art lui permet de se rapprocher du peintre Slavoj Kovaƙik et du critique VĂĄclav Zykmund, qui deviendra le mentor du groupe DOFO. ConstituĂ© de photographes amateurs parmi lesquels Rupert Kytka, AntonĂ­n GribovskĂœ ou encore Jan Hajn – qui, comme Pƙeček, Ă©taient ouvriers –, DOFO a laissĂ© une empreinte durable dans l’histoire de la photographie tchĂšque. Pour Pƙeček, c’est son atelier mĂ©tallurgique d’opĂ©rateur-tourneur qui est devenu le champ de ses investigations artistiques. Il dĂ©veloppe Ă  partir des annĂ©es 1960 une photographie profondĂ©ment inscrite dans l’univers du travail qui se caractĂ©rise par une approche mĂ©taphorique et empreinte de nostalgie, trĂšs nourrie par le nĂ©orĂ©alisme du cinĂ©ma italien. Cherchant la poĂ©sie dans le quotidien, les clichĂ©s de Pƙeček s’intĂ©ressent aux dĂ©tails insignifiants de l’univers ouvrier, Ă©vitant l’hĂ©roĂŻsation des lieux qui caractĂ©risait le rĂ©alisme socialiste de l’époque prĂ©cĂ©dente. AprĂšs cette pĂ©riode rĂ©aliste, Pƙeček se tourne vers une photographie plus expĂ©rimentale et abstraite, proche de l’art informel, jouant avec le photomontage et la superposition. C’est par les sĂ©ries de photographies rĂ©alisĂ©es dans son atelier qu’il acquiert une renommĂ©e dans son pays.


Bohuslav Reynek –
1892, Petrkov, Autriche-Hongrie – 1971, Petrkov, TchĂ©coslovaquie

AprĂšs de brĂšves Ă©tudes Ă  l’universitĂ© de Prague, Bohuslav Reynek quitte Prague pour Petrkov, un petit village situĂ© en BohĂȘme orientale. En 1926, il Ă©pouse la poĂ©tesse française Suzanne Renaud, dont il traduira plus tard l’oeuvre en tchĂšque. En 1914, il dĂ©bute sa longue et Ă©troite collaboration avec l’éditeur Josef Florian, dans le village de StarĂĄ Ƙíƥe, par la traduction d’auteurs français, l’illustration de livres et la publication de ses propres poĂšmes. Entre 1915 et 1949, Reynek traduit les poĂšmes de Paul Claudel, Victor Hugo, Paul Verlaine et Jean Giono, entre autres. Il sĂ©journe par ailleurs rĂ©guliĂšrement en France, Ă  Grenoble, de 1926 Ă  1936. Son oeuvre graphique, constituĂ©e de dessins et de gravures, rĂ©putĂ©e dans le DauphinĂ© dĂšs les annĂ©es 1930, est restĂ©e inconnue durant des dĂ©cennies en TchĂ©coslovaquie en raison du rĂ©gime politique en place. Le public tchĂšque ne dĂ©couvre cette oeuvre qu’en 1968 durant le bref Printemps de Prague. Pendant sa carriĂšre artistique, Reynek expĂ©rimente avec plusieurs techniques : d’abord la peinture, puis le dessin, le pastel et l’aquarelle, puis la linogravure et les clichĂ©s-verres avant de se consacrer principalement Ă  la gravure Ă  partir de 1933.


Jaroslav Rössler –
1902, Smilov, Autriche-Hongrie – 1990, Prague, TchĂ©coslovaquie

Jaroslav Rössler se fait connaĂźtre pour sa fusion de diffĂ©rents styles rĂ©unissant des Ă©lĂ©ments du constructivisme, de l’objectivitĂ© nouvelle et de l’art abstrait. AprĂšs une formation au sein du studio du photographe FrantiĆĄek Drtikol, il est remarquĂ© Ă  l’ñge de 21 ans par le thĂ©oricien d’art Karel Teige qui lui confie des tĂąches de graphiste et d’illustrateur pour les magazines PĂĄsmo, Disk, Stavba et ReD (revue Devětsilu). Il se rend Ă  Paris en 1925 pour un sĂ©jour d’étude de six mois et devient, cette mĂȘme annĂ©e, photographe pour le OsvobozenĂ© divadlo [ThĂ©Ăątre libĂ©rĂ©] de Prague. Il contribue aussi activement au magazine PestrĂœ tĂœden. De 1927 Ă  1935, il vit Ă  Paris et travaille dans le domaine de la publicitĂ© et collabore notamment avec le photographe Lucien Lorell. AprĂšs son retour Ă  Prague, il tient un modeste atelier de photographie et reprend une activitĂ© d’auteur Ă  la fin des annĂ©es 1950. Il renoue avec les tendances artistiques et photographiques tchĂšques de cette pĂ©riode, y compris l’informel.


Joseph Sima –
1891, Jaroměƙ, Autriche-Hongrie – 1971, Paris, France

Joseph Sima est un peintre franco-tchĂšque dont l’oeuvre onirique et poĂ©tique occupe une place dĂ©terminante dans la peinture du 20e siĂšcle. Sima s’installe Ă  Paris en 1922 aprĂšs des Ă©tudes Ă  Prague et se lie d’amitiĂ© avec Tristan Tzara, AmĂ©dĂ©e Ozenfant, Le Corbusier, Piet Mondrian, FrantiĆĄek Kupka et les Delaunay, entre autres. En 1925-1926, il frĂ©quente les surrĂ©alistes et expose au Salon des surindĂ©pendants dans la section qui leur est consacrĂ©e. Il cĂŽtoie les poĂštes RenĂ© Daumal et Roger Gilbert-Lecomte avec lesquels il fonde le mouvement et la revue Le Grand Jeu, dont il assure la direction artistique. Sima participe Ă  l’exposition surrĂ©aliste de 1929 au Kunsthaus de Zurich et, en 1935, il accompagne AndrĂ© Breton et Paul Éluard lors de leur voyage Ă  Prague. Il conçoit la couverture de l’édition tchĂšque de Nadja de Breton. DĂšs les annĂ©es 1920, Sima travaille un registre de formes gĂ©omĂ©triques. AprĂšs une longue interruption due Ă  la guerre, il rĂ©alise des paysages Ă  partir de 1950, influencĂ© par ses souvenirs d’enfance, ses visions et idĂ©es d’avant-guerre, ainsi que par son amour de la poĂ©sie et de la libertĂ©.


Jan Svoboda –
1934, Bohuƈovice, TchĂ©coslovaquie – 1990, Prague, TchĂ©coslovaquie

Alors qu’il est encore adolescent, Jan Svoboda Ă©crit des poĂšmes nourris d’influences surrĂ©alistes, de Breton, d’Éluard et de la revue Minotaure. AprĂšs une formation de scĂ©nographe, il s’initie Ă  la photographie dans les annĂ©es 1950 afin d’illustrer ses textes. À partir de 1963 il est membre du groupe MĂĄj 57, grĂące auquel il rencontre le milieu d’avant-garde pragoise, notamment le peintre et sculpteur Zdenek Sekal, et puis Stanislav Kolibal. La dĂ©couverte de l’Ɠuvre de Josef Sudek, une des grandes figures de la photographie tchĂšque, encourage Svoboda Ă  faire de ses clichĂ©s son oeuvre principale. Il rĂ©alise ses premiĂšres prises de vues dans les rues de Prague avant de se tourner presque exclusivement vers les intĂ©rieurs. En Ă©cho au travail de Sudek, il photographie des compositions faites de pierres, de fleurs, de fruits, et d’objets du quotidien dont se dĂ©gage un fort sentiment de solitude. À partir des annĂ©es 1970, Svoboda crĂ©e des oeuvres plus radicales, citant et reproduisant ses propres images dans une dĂ©marche autorĂ©flexive. Ces derniers travaux, au travers desquels il interroge les limites de l’image photographique, ouvriront la voie Ă  des expĂ©riences plus larges d’appropriation du mĂ©dium et inspireront une gĂ©nĂ©ration entiĂšre d’artistes comme ThomĂĄĆĄ Pospěch ou Pavel Vančát.


Jan Wojnar –
1944, Vendryne, TchĂ©coslovaquie – 2014, RĂ©publique tchĂšque

Jan Wojnar est l’un des protagonistes de la pensĂ©e conceptuelle dans l’art tchĂšque de la fin des annĂ©es 1960. Son oeuvre, extrĂȘmement vaste, couvre les domaines de la peinture, de la sculpture ou encore de la poĂ©sie, et ne peut ĂȘtre embrassĂ©e complĂštement sans Ă©voquer la photographie. Tour Ă  tour utilisĂ©e pour archiver et documenter ses actions ou pour rĂ©aliser divers essais en chambre noire, cette pratique photographique tient une place centrale tout au long de sa carriĂšre. InspirĂ© par le courant de l’art conceptuel qui imprĂšgne les annĂ©es 1960, il dĂ©bute en 1978 la sĂ©rie des « Autofotogrammes » dans laquelle il perce, coupe, plie du papier photosensible, avant d’en rĂ©aliser les tirages. Chaque image photographique qui naĂźt de ce processus unique est conçue comme l’enregistrement du geste de l’artiste et du changement qu’il fait subir au matĂ©riau. Photographe prolifique, Jan Wojnar cherche dans ses travaux Ă  questionner les limites du mĂ©dium. Bien que son oeuvre demeure largement mĂ©connue, ses rĂ©alisations reprĂ©sentent l’une des expressions les plus originales de la photographie conceptuelle tchĂšque.