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🔊 “Mille et un Orients” Les grands voyages de Girault de Prangey (1804-1892), au musée d’Art et d’Histoire de Langres, du 17 juillet au 30 septembre 2021

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“Mille et un Orients”
Les grands voyages de Girault de Prangey (1804-1892)

au musée d’Art et d’Histoire de Langres

du 17 juillet au 30 septembre 2021

MusĂ©e d’Art et d’Histoire de Langres

Présentée au musée d’Art et d’Histoire de Langres en 2020, du 1er juillet au 29 novembre 2020, l’exposition “Mille et un Orients.Les grands voyages de Girault de Prangey (1804-1892)” revient, du 17 juillet au 30 septembre 2021, avec de nouvelles œuvres de Girault de Prangey.

Interview de Olivier Caumont, conservateur des Musées de Langres et commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Langres, le 29 juin 2020, durée 9’52. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Olivier Caumont, conservateur des MusĂ©e de Langres et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Langres, le 29 juin 2020, durée 9’52. © FranceFineArt.


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Girault de Prangey
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© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, voyage et visite presse de l’exposition avec Olivier Caumont, le 29 juin 2020.

Joseph Philibert Girault de Prangey. Autoportrait présumé. 1840. Daguerréotype. Paris, BnF.cliché BnF.
Joseph Philibert Girault de Prangey. Autoportrait prĂ©sumĂ©. 1840. DaguerrĂ©otype. 
Paris, BnF.cliché BnF.
Joseph Philibert Girault de Prangey. Cour de l’Alberca. Alhambra. Vers 1832-1833. Crayon et gouache blanche sur papier.Paris, coll. part. photo Caroline Lenoir.
Joseph Philibert Girault de Prangey. Cour de l’Alberca. Alhambra. Vers 1832-1833. Crayon et gouache blanche sur papier.Paris, coll. part. photo Caroline Lenoir.
Joseph Philibert Girault de Prangey. Ramesseum, Thèbes. 1844. Daguerréotype, New-York, MET / licence Creatives commons.
Joseph Philibert Girault de Prangey. Ramesseum, Thèbes. 1844. Daguerréotype, New-York, MET / licence Creatives commons.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Temple de Zeus, Euromus. Vers 1843. Crayon et aquarelle sur papier. Langres, MAH, photo Sylvain Riandet.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Temple de Zeus, Euromus. Vers 1843. Crayon et aquarelle sur papier. Langres, MAH, photo Sylvain Riandet.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Villa des Tuaires, vers 1860 et 1870,
Langres, MAH, photo Arnaud Vaillant.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Villa des Tuaires, vers 1860 et 1870,
Langres, MAH, photo Arnaud Vaillant.

Extrait du communiqué de presse :



Commissaire de l’exposition : Olivier Caumont, conservateur des MusĂ©es de Langres

Plus de vingt ans après sa dernière présentation publique en France, l’artiste haut-marnais Joseph Philibert Girault de Prangey (1804-1892) est mis à l’honneur par les musées de Langres en 2020 avec une exposition inédite.

Esthète, archéologue, dessinateur, peintre, photographe et éditeur d’art, Girault de Prangey entreprend un grand voyage au Maghreb, en Espagne, en Italie et dans les Alpes entre 1832 et 1834. Pionnier des études sur l’architecture arabo-andalouse, il décrit et dessine les édifices arabes. Il s’approprie la technique du daguerréotype avant de partir en Grèce, Turquie, Syrie, Palestine et Égypte entre 1842 et 1845. Dessins, aquarelles, peintures et daguerréotypes témoignent des grands monuments et des paysages des pays traversés.

L’artiste revient de ses périples avec un exceptionnel ensemble d’images. Ces documents lui servent à éditer de précieuses lithographies réunies dans de grands ouvrages décrivant des monuments antiques, chrétiens et arabes du bassin méditerranéen. Si les daguerréotypes sont dispersés au XXe siècle, ses autres oeuvres sont aujourd’hui essentiellement conservées par les musées de Langres et dans des collections privées qui participent à l’exposition langroise. Durant la seconde partie de sa vie, Girault de Prangey se retire dans sa villa des Tuaires, près de Langres, petit paradis personnel entre jardin exotique, serres et villa néo-orientale. Dans ce lieu très singulier qu’il photographie abondamment, il poursuit d’une autre manière son rêve d’Orient.

L’exposition Mille et un Orients dévoile les dessins, les aquarelles et les photographies acquis par les musées de Langres au cours des dix dernières années. Les recherches préalables à l’exposition et à son catalogue ont permis la découverte de collections privées et de documents encore inconnus. Fonds historique des musées de Langres, acquisitions récentes, prêts privés et institutionnels permettent la réunion de 200 oeuvres, très majoritairement inédites. Toutes les facettes de la vie animée et des travaux de cet homme aux mille curiosités sont abordées dans l’exposition. Elles sont présentées en quatre thèmes : l’archéologue haut-marnais, le voyage au Maghreb et en Espagne, le Grand Tour en Orient, la villa des Tuaires et son jardin. Une scénographie originale plonge le visiteur dans les ambiances propres à chacun de ces sujets.

Essentiellement connu jusqu’à maintenant pour ses daguerréotypes, Joseph Philibert Girault de Prangey eut de nombreux autres talents et centres d’intérêt, encore largement méconnus. Cette exposition a pour ambition de renouveler la perception de l’artiste et de son oeuvre.



Un pionnier du patrimoine haut-marnais

Le Langrois Joseph Philibert Girault de Prangey est le descendant d’une ancienne famille noble. Il étudie d’abord au collège de Langres et suit probablement les cours de l’École de dessin de cette ville. À Paris, il obtient un baccalauréat en lettres en 1826 et un baccalauréat en droit en 1828. Persévérant dans son goût pour les arts, il étudie auprès de paysagistes parisiens dont Jules Coignet (1798-1860). Ses rentes lui permettent de se consacrer à ses passions archéologiques, à la fois pour les vestiges et monuments de Langres et de la Haute-Marne, mais aussi pour ceux du bassin méditerranéen.

Proposant dès 1832, à l’âge de 28 ans, un inventaire des « antiquités nombreuses de tout genre que renfermait Langres », ancienne cité gallo-romaine, Girault plaide en même temps pour la création d’un musée. Il appartient au groupe ayant fondé en 1836 la Société archéologique de Langres, elle-même à l’initiative du premier musée, installé dans l’ancienne chapelle Saint-Didier dès 1838. Plus tard, il donnera une partie de ses oeuvres et de ses collections à ce musée.

Parallèlement à ses études sur les monuments méditerranéens qu’il documente durant ses voyages, il étudie et dessine les monuments antiques et médiévaux de sa ville : portes romaines, portes médiévale et moderne, églises. Il contribue ainsi aux premières publications archéologiques sur le patrimoine langrois. Membre très actif de la nouvelle Société Historique et Archéologique de Langres fondée en 1842, il prend en main l’édition de Mémoires, ouvrage majeur, abondamment illustré, réunissant des études sur des monuments langrois et sur d’autres sites haut-marnais. Girault étend aussi sa curiosité à l’ensemble du patrimoine départemental et parcourt en 1839 ce territoire afin « d’avoir un aperçu général de [ses] diverses richesses monumentales ».

Ses dessins et ses photographies constituent de précieux témoignages d’un patrimoine en péril. Soucieux de la conservation des monuments, il alerte sur les destructions en cours et sur les restaurations hasardeuses. À la fois initiateur et figure de proue, Girault de Prangey s’investit dans la naissance d’un mouvement de sauvegarde, de protection et de vulgarisation de ces témoignages du passé langrois et haut-marnais.


Joseph Philibert Girault de Prangey, Fontaine Sainte-Sophie, Constantinople. Vers 1843. Crayon et aquarelle sur papier. Langres, MAH, photo Sylvain Riandet.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Fontaine Sainte-Sophie, Constantinople. Vers 1843. Crayon et aquarelle sur papier. Langres, MAH, photo Sylvain Riandet.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Mosquée près Bâb-El-Ouîzir au Caire. Vers 1844 ?. Aquarelle sur papier. Langres, MAH., photo Sylvain Riandet.
Joseph Philibert Girault de Prangey, Mosquée près Bâb-El-Ouîzir au Caire. Vers 1844 ?. Aquarelle sur papier. Langres, MAH., photo Sylvain Riandet.

La fabrique des images



L’exposition permet de comprendre l’évolution des méthodes de travail de Girault de Prangey en matière de fabrication d’images. Pragmatique, attentif aux solutions techniques, rigoureux, cet artiste est aussi un artisan de l’image qui se contraint à l’exactitude documentaire. Les procédés offrant véracité, praticité et rapidité d’exécution sont prioritaires. Pour satisfaire ses exigences, Girault de Prangey est toujours à l’affût des astuces et des progrès techniques : le moulage, la lithographie, peut-être la chambre claire, les mesures sur site, la photographie, le dessin inversé, la chromolithographie. Il s’agit pour lui d’une même logique liant exactitude de la reproduction et facilité de diffusion. Cette capacité d’adaptation le conduit à modifier ses processus de création au cours de sa carrière. Porteur des principales informations, le dessin sur le motif est à la base de son travail dans les années 1830. À partir des années 1840, avec l’adoption du daguerréotype, dessins et aquarelles deviennent les outils complémentaires d’une méthode basée sur l’inversion photographique. Dans l’exposition, le rapprochement de mêmes images, produites selon des techniques différentes, éclaire l’évolution de son processus de travail.

De 1832 à 1834, Girault de Prangey et la Méditerranée occidentale

Quand il entreprend, entre mai 1832 et septembre 1834, son grand pĂ©riple au Maghreb, en Espagne, en Sicile, en Italie et dans les Alpes, Girault de Prangey est dĂ©jĂ  un voyageur expĂ©rimentĂ©. L’Andalousie semble ĂŞtre cette fois sa destination principale. MĂŞlant romantisme et orientalisme, le sud de l’Espagne est une destination Ă  la mode dans les annĂ©es 1820 – 1850. D’autres, plus cĂ©lèbres, comme ThĂ©ophile Gautier ou Alexandre Dumas, le suivront dans les annĂ©es 1840. PrĂ©curseur pour cette destination, Girault n’est pas un dilettante qui voyage Ă  la seule recherche d’émotions personnelles. Bien au contraire, cet Ă©rudit est au fait des nouveaux sujets d’étude, parmi lesquels figurent l’art et l’architecture arabe, dont il va devenir un spĂ©cialiste. L’analyse et la reprĂ©sentation des Ă©difices arabes du Maghreb et de l’Espagne sont l’objectif principal de son voyage. 

Loin d’être linĂ©aire, son pĂ©riple de vingt-huit mois peut ĂŞtre restituĂ© grâce Ă  ses Ă©crits, ses dessins et ses peintures (souvent localisĂ©s et datĂ©s). Ses descriptions et ses dessins très prĂ©cis, comme les mesures et les plans rĂ©alisĂ©s sur place, montrent son intĂ©rĂŞt pour les architectures musulmanes, mais aussi chrĂ©tiennes, selon les pays visitĂ©s. L’exposition place le visiteur dans les pas de l’artiste-voyageur dĂ©couvrant pour la première fois des sites et des paysages qui l’impressionnent : Tunis, Alger, Grenade, SĂ©ville, Cordoue, Palerme – mais aussi d’autres villes et d’autres sites moins attendus et rĂ©vĂ©lĂ©s Ă  l’occasion de l’exposition. 

Sans doute plusieurs centaines de dessins et quelques aquarelles, dont une partie est prĂ©sentĂ©e dans l’exposition, lui serviront Ă  Ă©diter plus tard 122 lithographies, essentiellement Ă  l’usage de ses propres publications : Monuments arabes et moresques de Cordoue, SĂ©ville et Grenade Ă  partir de 1836, Choix d’ornements moresques de l’Alhambra de 1837 Ă  1841, Essai sur l’architecture des Arabes et des Mores en Espagne, en Sicile et en Barbarie en 1841… L’ensemble forme un rĂ©pertoire iconographique de première importance qui fera rĂ©fĂ©rence pour les Ă©tudes arabes jusqu’à la fin du XIXe siècle. 

Ce voyage est marqué par la visite de l’Alhambra de Grenade : Girault de Prangey observe, note, dessine et mesure avec une rigueur scientifique très remarquable. Présenté dans l’exposition, l’ouvrage grand in-folio Souvenirs de Grenade et de l’Alhambra rend compte de la qualité de son travail. L’exposition démontre comment l’objectif final de la publication de grands livres d’art détermine largement, sur le terrain, les cadrages, les tailles et les techniques utilisés pour ses dessins. Girault de Prangey est un homme méthodique et appliqué, qui calcule et anticipe : c’est l’un des aspects les plus importants de son travail créatif.



De 1842 Ă  1845, le Grand Tour oriental de Girault de Prangey


En fĂ©vrier 1842, Girault de Prangey part pour l’Orient. Ă€ la suite de Chateaubriand et de Lamartine, en mĂŞme temps que GĂ©rard de Nerval et avant Gustave Flaubert, il entreprend son « Grand Tour », qui le conduit en Grèce, en Asie Mineure, au Proche-Orient et en Égypte. 

Après une première Ă©tape en Italie, l’artiste est Ă  Athènes en aoĂ»t 1842. Il visite l’Acropole et d’autres sites environnants. En septembre, il arrive en Égypte pour un premier sĂ©jour. Ă€ la fin de l’hiver, il rejoint la Turquie oĂą il dĂ©couvre l’éternelle Constantinople Ă  travers ses mosquĂ©es, ses quartiers et les rives du Bosphore. Poursuivant vers le sud, il visite la Troade, passe par Brousse et Smyrne. Pendant près de six mois, il rejoint le sud de l’Asie Mineure en parcourant des sites incontournables : HiĂ©rapolis, Aphrodisias, Halicarnasse… En octobre 1843, il est de retour en Égypte. Il parcourt le delta du Nil, la Haute-Égypte puis part en Palestine. Il visite le Liban avant d’arriver Ă  JĂ©rusalem en mai 1844. L’artiste y trouve une terre d’étude abondante et multiple : il illustre ou photographie les bâtiments emblĂ©matiques, tels le Saint-SĂ©pulcre et le DĂ´me du Rocher, donnant Ă  son voyage un goĂ»t de pèlerinage. Il explore aussi BethlĂ©em, Atlit et Nazareth. Au Liban, il visite Beyrouth, Tripoli et Faqra. Il explore le site de Baalbek qu’il peint et photographie avec prĂ©cision. Ă€ la fin de l’annĂ©e 1844, Girault de Prangey est en Syrie. Il se rend Ă  Damas et Ă  Alep. Peu de sources permettent de connaĂ®tre le dĂ©tail de cette dernière Ă©tape proche-orientale, au terme d’un voyage qui aura durĂ© près de quatre annĂ©es et qui s’achève au dĂ©but de 1845.

Girault veut voir, comprendre et reprĂ©senter le plus grand nombre de monuments. Il essaie d’identifier des filiations entre les monuments arabes d’Orient et d’Occident. Il peint et photographie beaucoup. Il dit qu’il reviendra quand il n’a pas assez de temps sur certains sites… La richesse iconographique de ce voyage oriental est impressionnante. Girault utilise autant les techniques traditionnelles que sont le dessin et l’aquarelle, que la nouvelle technique photographique, apparue en 1839 et Ă  laquelle il s’est très vite initiĂ©e. Il rentre en France avec un peu plus de mille daguerrĂ©otypes qui constituent une source documentaire et artistique majeure pour l’histoire du Proche-Orient ancien. Des prĂŞts exceptionnels de la Bibliothèque nationale de France permettent de rapprocher des daguerrĂ©otypes, pour certains encore jamais exposĂ©s, des dessins, des aquarelles et des lithographies correspondantes.

De retour en France, Girault de Prangey va, selon son habitude, transmettre les fruits de son voyage à travers des livres : Monuments arabes d’Égypte, de Syrie et d’Asie mineure à partir de 1846 et Monuments et Paysages de l’Orient en 1851. Au nombre important d’aquarelles en couleur réalisées avant sur place correspond désormais dans ses publications un nombre important de chromolithographies. Ces grands albums illustrés sont pour lui des aboutissements intellectuels et artistiques : l’exposition permettra d’en découvrir successivement les pages.